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BOUDU

Poitrenaud : Fin de jeu

ALORS ÇA Y EST, VOUS TIREZ VOTRE RÉVÉRENCE ? Oui. Je voulais prolonger d’un an mais le club n’a pas voulu. Il fallait bien que ça s’arrête à un moment ou à un autre. J’ai joué de malchance avec ma blessure l’année dernière. Du coup cette saison, j’ai moins joué, j’ai eu plus de mal à rester dans le rythme. C’est une situation que je n’avais jamais connue jusque là. Mais au fond, peu importe le moment : c’est triste de quitter son club.

VOUS SOUVENEZ-VOUS CE QUI VOUS A DONNÉ ENVIE DE JOUER AU RUGBY ? Je suis issu d’une famille de basketteurs. Mais mon père m’a amené voir la finale du Championnat de France, Stade Toulousain-Agen, en 89. J’avais trouvé ça extraordinaire. Au retour dans la voiture, je lui ai annoncé que je voulais jouer au rugby au Stade Toulousain. Le hasard a fait qu’on déménage à Toulouse, l’année suivante. J’ai donc pris ma première licence à 6 ans au Stade Toulousain.

VOUS AVEZ TOUT DE SUITE ACCROCHÉ ? Oui, je faisais déjà du judo donc je n’avais pas peur du contact. Mais la dimension collective me manquait. Et puis j’avais besoin de me dépenser. J’ai tout de suite eu le sens du jeu. Comme ça marchait bien, j’ai été valorisé. Après une année d’athlétisme en seconde au lycée Raymond Naves, je me suis retrouvé à Jolimont en sport-études sous la direction de Claude Debat, un éducateur extra, en avance sur son temps dans le sens où on ne faisait que de la technique individuelle, de la lecture de jeu, de la gestion des surnombres.

GUY (NOVÈS) METTAIT DE LA RIGUEUR DANS LE DÉSORDRE.

À QUEL MOMENT AVEZ-VOUS SENTI QUE VOUS POUVIEZ FAIRE CARRIÈRE ? J’étais lycéen dans une filière scientifique, je voulais être médecin. Le passage en sport-études était un peu le passage obligé quand tu avais atteint un certain niveau. Après tout s’est accéléré de manière naturelle : en terminale, j’apprends, au mois d’octobre que je suis dans la liste des 30 joueurs qui peuvent participer à la coupe d’Europe. En novembre, je joue mon premier match. Je ne quitte plus le groupe professionnel jusqu’aux phases finales. Je ne peux pas passer mon bac parce que je joue et gagne la finale du championnat de France. Je finis par le passer, et l’obtenir, en septembre mais il est trop tard pour m’inscrire en médecine.

COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU CETTE ÉCLOSION FULGURANTE ?
 C’était incroyable : on avait l’habitude de croiser les joueurs, Castaignède, les frères Carbonneau, Ougier. C’était des mecs qu’on badait, ils avaient gagné 5 titres, la première coupe d’Europe. Alors, pour moi, jouer avec eux, c’était hallucinant. À l’époque, tout nous réussissait : on venait d’être champion de France 4 fois d’affilée (cadet, cadet 2, junior, senior). Trois mois plus tard, je suis appelé en équipe de France. On bat les Sud-afs champions du Monde, l’Australie, les Fidji. Rien ne pouvait nous arrêter. On était dans une dynamique de victoires incroyable.


Toulouse's player Clement Poitrenaud in action during the French Top 14 rugby union match Stade Toulousain vs Brive at the Ernest Wallon Stadium in Toulouse, FRANCE - 12/04/2014.

COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU LE FAIT D’ÊTRE LA PREMIÈRE GÉNÉRATION À ÊTRE PAYÉE POUR ASSOUVIR SA PASSION ? C’est vrai que l’on a été les premiers à s’entraîner tous les jours. On a très vite gagné de l’argent de manière relativement importante. On prenait ce qu’on nous donnait. Mais on était dans l’insouciance. L’argent n’a jamais été un moteur. S’il avait fallu chercher un travail, je l’aurais fait, parce que c’était la norme à l’époque. De la même manière, ça n’aurait pas été un problème pour moi de ne pas devenir un joueur pro reconnu. J’aurais pu pratiquer un autre métier et être très heureux.

VOTRE CARRIÈRE A-T-ELLE ÉTÉ CONFORME À VOS RÊVES D’ENFANT ? Oui, parce que j’avais l’exemple d’un club qui gagnait des titres en pratiquant un joli rugby. J’ai le sentiment qu’on n’a fait que perpétuer ce qui existait déjà, sans avoir dérogé à l’exigence du Stade Toulousain. À titre personnel, j’ai pris énormément de plaisir, à chaque instant, notamment dans le jeu, parce que j’ai eu la chance d’évoluer dans une équipe où l’on se régalait, avec des mecs qui m’ont permis de m’exprimer.

AVEZ-VOUS CONSCIENCE D’AVOIR INCARNÉ, POUR LE PUBLIC, LE JEU À LA TOULOUSAINE ? Le jeu à la toulousaine, c’est comme le french flair, c’est du fantasme. On a gagné des titres parce qu’on avait un paquet d’avants qui dominait ses adversaires, une grosse défense et un grand numéro 10. Après c’est plus facile de prendre des risques. Quand tu as ça, tu gagnes 90% des matchs. Il ne faut pas se voiler la face. Après on a eu la chance d’avoir la confiance de Guy Novès qui nous a toujours encouragé à l’initiative.

QUELLE IMPORTANCE LUI RECONNAISSEZ- VOUS DANS VOTRE CARRIÈRE ? Il a toujours su tirer le meilleur de ses joueurs sans jamais chercher à les changer. Il connaissait très bien nos qualités et nos défauts et savait appuyer sur le bon bouton. Il arrivait à nous transcender. Son rôle était de nous canaliser parce qu’on avait tendance à en faire trop. On avait envie de jouer tout le temps, à l’excès, et parfois contre le cours du jeu. Et en même temps, si tu ne tentes pas, tu ne réussis jamais. Il fallait arriver à trouver le bon compromis et Guy mettait de la rigueur dans le désordre. Avec ses qualités et ses défauts, Guy, sur les hommes, s’est rarement trompé.

FRED MICHALAK ET MOI, ON N’EST PAS DES JOUEURS RASSURANTS POUR UN COACH.

ON IMAGINE QUE VOUS AURIEZ AIMÉ BÉNÉFICIER DE LA MÊME CONFIANCE EN ÉQUIPE DE FRANCE ? Mais j’en ai eu ! La porte est celui qui m’a donné le plus de sélection. À l’époque, les exigences internationales étaient vraiment différentes du championnat et de la coupe d’Europe. Comme j’avais envie de jouer en Bleu, j’ai fait des efforts, j’ai progressé physiquement et dans mon jeu au pied ce qui m’a permis de disputer deux coupes du Monde. Au milieu des schémas très organisés qu’il mettait en place, on pouvait, Fred (Michalak) comme moi, apporter un peu de fantaisie. Mais on est pas forcément des joueurs rassurants pour un coach ! Parfois, on a les fils qui se touchent. Sur un terrain, on est capables de faire des trucs supers comme de grosses conneries.

COMME CELLE EN FINALE DE LA COUPE D’EUROPE EN 2003 CONTRE LES WASPS. N’EN AVEZ-VOUS PAS ASSEZ QU’ON VOUS RAPPELLE SYSTÉMATIQUEMENT CETTE ERREUR ? C’est normal. Elle fait quand même partie du top 5 des plus belles bourdes de l’histoire du rugby ! Je ne suis pas plus malheureux de cette défaite que des deux en finale de championnat de France ou de celle contre le Munster en H Cup. C’est un fait de jeu sportivement dramatique. J’aurais dû envoyer le ballon en touche. Mais sur la touche, il y aurait peut-être eu un essai sur ballon porté. En l’occurrence, j’ai fait le mauvais choix.


CELA A ÉTÉ DUR DE S’EN REMETTRE ? Oui parce que je me suis senti responsable. Même si le groupe ne t’en veut pas, tu te sens seul. Tu te sens coupable. Certains ont eu les boules pendant un moment. Mais ils avaient trop conscience que ça pouvait leur arriver pour m’en vouloir.

VOTRE GOÛT POUR LES RELANCES À LA MAIN ET LA PRISE DE RISQUE VOUS A VALU AUTANT DE CRITIQUES QUE D’ÉLOGES. COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU LA CRITIQUE ? Il y a des choses qui collent à la peau pendant toute une carrière. On ne peut rien y faire. Mais très franchement, connaissant Bernard Laporte et Guy Novès, vous croyez vraiment que si je n’avais pas été fiable, si j’avais été un branquignol, un fou furieux, j’aurais duré aussi longtemps ?

VOUS ÉVOQUIEZ LES EFFORTS CONSENTIS POUR JOUER EN BLEU. EN MATIÈRE DE JEU, LE RUGBY PROFESSIONNEL VOUS A-T-IL FRUSTRÉ ? Je suis toujours resté fidèle à moi-même. Je ne me suis jamais fourvoyé, j’ai toujours joué comme je l’entendais. Que cela plaise ou pas. Au niveau international, cela m’a joué des tours. Avec moi, pas de juste milieu : soit on décidait de s’appuyer sur mes qualités soit on décidait de pratiquer un jeu restrictif et on ne m’invitait pas à la fête.

DES PROFILS COMME LES VÔTRES NE SONT- ILS PAS VOUÉS À DISPARAÎTRE ? Il y en aura toujours. On disait que des profils à la Elissalde n’existeraient plus : regardez le petit Bézy. Hugo Bonneval aussi, ou Médard. Maxime, quand il est en pleine bourre, il est indiscutable. Quand il est moins bien, on est sévère. Il fait partie de ces joueurs à qui on pardonne moins parce qu’il est pétri de talent. Un mec comme Michalak, par exemple, avait montré, jeune, des choses tellement extraordinaires que quand il évoluait à un niveau normal pour un n°10, tout le monde lui tombait dessus.


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AVANT, QUAND JE VOYAGEAIS, JE VOULAIS TOUT VOIR, VITE. MAINTENANT QUE JE PRENDS DES PHOTOS, JE RALENTIS.

VOUS ACHEVEZ VOTRE CARRIÈRE APRÈS AVOIR ÉVOLUÉ DANS UN SEUL CLUB, LE STADE TOULOUSAIN. POURQUOI ? Parce que je n’avais aucun intérêt sportif à partir. J’ai disputé 11 finales dans ma carrière, j’ai gagné 7 titres, j’ai pu jouer en équipe de France. La priorité, c’est de se sentir bien sportivement quelque part. Et c’était mon cas à Toulouse. J’ai, un temps, hésité à partir jouer en Angleterre. C’est peut-être quelque chose qui m’aura manqué, de vivre différemment. Mais ça m’aura donné le goût de le faire.

RESTER À TOULOUSE NE CONSTITUAIT-IL PAS UNE FORME DE CONFORT ? À Toulouse, le niveau d’exigence est énorme. Quand vous jouez le titre chaque saison, pourquoi aller galérer ailleurs ? Au-delà du fait que parfois je peux avoir l’air un peu fantasque et dilettante, je joue pour gagner. Et si j’ai réussi, c’est que je m’entraînais plus que les autres. Ce qui a fait que je suis resté, c’est que notre génération n’a jamais accepté de quitter le devant de la scène. Même quand on a eu des difficultés, on s’est toujours battu pour revenir.

QU’ENVISAGEZ-VOUS AUJOURD’HUI ? Je suis en

négociation avec le club pour une reconversion. Je peux aussi remettre ce projet à plus tard et finir ma carrière aux États-Unis. Ce serait l’occasion de continuer qu’on n’oublie pas que le rugby reste l’un des seuls sports collectifs où si tu penses qu’à ta gueule, ça ne fonctionne pas. Chaque fois que j’ai fait partie d’une équipe qui gagnait, il se passait un truc, on était content de passer du temps ensemble.

ET LA PHOTOGRAPHIE, DANS TOUT CELA ? Elle prend de plus en plus de place dans ma vie. J’ai encore du mal quand on dit de moi que je suis photographe. Je n’ai pas encore réalisé le travail, le projet, qui me permette de me sentir légitime parmi les photographes. Arriver à trouver son langage photographique, c’est une longue quête. Je commence à appréhender mon angle de vue, la focale qui me convient, mon cadrage. Je sais que je privilégie la couleur au noir et blanc. Je commence à comprendre la lumière, je commence à savoir ce que je veux et ce que je ne veux pas, à maîtriser la technique. Aujourd’hui, je me sens capable de répondre à une commande. Et j’en ai envie !

COMMENT VOUS EST VENUE CETTE PASSION ? J’ai toujours suivi l’actualité. Rapidement j’en ai eu assez des médias traditionnels, et j’ai eu envie d’aller voir un peu plus loin : grâce à internet, j’ai trouvé des médias alternatifs. J’ai été attiré par le photojournalisme. Pendant le festival MAP en 2010, on m’a proposé de faire quelques photos de l’intimité du vestiaire. J’ai eu des retours positifs. Ça m’a encouragé à continuer. J’ai pris quelques cours, j’ai acheté du matériel, quelques bouquins, je me suis abonné à quelques blogs de photos. Et c’était parti !

VOUS AVEZ COMMENCÉ PAR PHOTOGRAPHIER VOS PARTENAIRES. LE RUGBY EST-IL VOTRE SUJET DE PRÉDILECTION ? Je n’ai pas envie de me spécialiser dans la photo sportive, même si je reconnais qu’elle requiert beaucoup de savoir-faire. J’admire d’ailleurs beaucoup le travail de Michel Birot, rédacteur en chef et créateur d’Attitude Rugby, qui a photographié toute sa vie l’intimité du XV de France et d’équipes de niveaux inférieurs. Il a une œuvre incroyable. Il est allé chercher l’essence même de notre sport.

JE SUIS POLI MAIS PAS HYPER SOCIABLE.

QUELS UNIVERS AVEZ-VOUS ENVIE D’EXPLORER ? Ce qui m’intéresse, c’est la construction photographique d’un sujet. C’est une bonne manière d’appréhender l’actualité. C’est un témoignage brut de décoffrage. Ça parle autant, voire davantage, que la vidéo. Tous les ans, je vais à Visa pour l’Image à Perpignan. Les photos sont marquantes. Celle du gamin mort sur la plage, par exemple, a beau être dure, tu t’aperçois qu’elle peut faire prendre conscience de la situation au monde entier.

VOIT-ON LE MONDE DIFFÉREMMENT DERRIÈRE UN BOÎTIER ? C’est sûr. Avant, quand je voyageais, je voulais tout voir, tout faire, le plus vite possible. Maintenant que je prends des photos, je ralentis le temps. Je fais beaucoup plus attention aux choses qui m’entourent. J’ai redécouvert Toulouse en me baladant avec mon appareil. J’observe les gens, je rencontre des gens. C’est quand même assez rare, aujourd’hui, de se dire que tu vas marcher dix minutes dans la rue et que tu vas peut-être rencontrer des gens et échanger avec eux.

DEVENIR PHOTOGRAPHE PROFESSIONNEL VOUS TENTE-T-IL ? Pourquoi pas ! J’aimerais avoir le courage d’essayer de vivre plus intensément ma passion pour la photo. Je me dis que ce serait super d’enchaîner sur une deuxième passion après une carrière dans le rugby.

QUEL EST LE TRAVAIL PHOTOGRAPHIQUE DONT VOUS ÊTES LE PLUS FIER ? La dernière série de portraits de mes partenaires. Ça faisait longtemps que ça me titillait. C’était important pour moi de témoigner d’une époque, avant que toute une génération de joueurs n’arrête sa carrière. Je sentais que c’était le bon moment. Le projet au Cambodge, pour l’association Pour un sourire d’enfants, m’a permis d’être, pour la première fois, dans la peau d’un photojournaliste. Même si le travail n’est pas abouti, j’ai amorcé quelque chose qui m’a plu. J’en garde un super souvenir.

EST-CE QUE VOUS AVEZ DES MODÈLES EN PHOTOGRAPHIE ? Il y a une agence que je trouve extraordinaire, c’est l’agence Noor. C’est un collectif de photographes fantastiques. Ils prennent des risques, vont sur des zones de guerre. C’est du photojournalisme. Ils travaillent sur des sujets au long cours. C’est Stanley Greene qui en est le fer de lance. Pour moi le Black Passport, c’est la référence. Pourtant il utilise beaucoup de noir et blanc ce qui n’est pas forcément ce que je préfère. Mais quand j’ai vu son bouquin, ça a été une vraie révélation.

ON DIT SOUVENT DES PHOTOGRAPHES QU’ILS AIMENT BIEN S’EFFACER DERRIÈRE LEUR BOÎTIER. C’EST VOTRE CAS ? 
Oui, je suis bien derrière mon boîtier. Je ne suis pas quelqu’un d’extraverti. Je suis poli mais pas hyper sociable. Ça me va bien de me dissimuler derrière un boîtier.

JE N’AI JAMAIS FLAMBÉ (…) JE SUIS TROP RÉSERVÉ POUR ÇA.

COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS QU’IL Y AIT AUTANT DE RUGBYMEN AMATEURS D’ART ? Peut-être

parce qu’il y avait moins d’argent ce qui a permis aux joueurs de rester connectés à la vraie vie. Un vestiaire de rugby était assez représentatif de la société. Et puis le milieu de l’art, ou de la mode, s’intéresse plus au rugbyman. Il reste un sportif accessible avec lequel on peut parler facilement.

VOUS AVEZ L’IMPRESSION D’ÊTRE RESTÉ PROCHE DES RÉALITÉS ? On a beau avoir gagné beaucoup d’argent, on appartient à une génération qui devra travailler après la carrière sportive. Quand j’ai été champion de France, je gagnais 4500 francs par mois. Et c’était déjà extraordinaire ! Aujourd’hui, un jeune international comme je l’étais gagne au moins 20 000 euros net !

COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU LA NOTORIÉTÉ ? Tu as un ego

surgonflé quand tu signes des autographes, que tu gagnes de l’argent et que tu plais aux femmes. Mais je n’ai jamais flambé, acheté de bagnoles à 50 000 euros. Au contraire, je pense que je n’ai pas suffisamment profité des avantages que je pouvais avoir. Je suis trop réservé pour ça.

CRAIGNEZ-VOUS, COMME CE FUT LE CAS POUR LES SCULPTURES DE JEAN-PIERRE RIVES, QUE LA CRITIQUE SOIT PLUS SÉVÈRE COMPTE TENU DE VOTRE PASSÉ DE JOUEUR ?

Ça ne m’inquiète pas parce que j’ai toujours été soumis à la critique. Si elle vient des photographes, cela ne me dérange pas, au contraire. De gens qui ne sont pas du milieu, ça m’ennuie davantage. Je suis plus susceptible quand on juge mes photos que mes prestations rugbystiques.

REDOUTEZ-VOUS LA JALOUSIE ? Les photographes qui essaient de percer depuis longtemps et qui me voient exposer, sortir un petit bouquin, alors que je ne fais de la photo que depuis 5 ans, risquent de l’être. Ce sont des choses qui prennent parfois énormément d’années. J’ai la chance de pouvoir le faire assez vite. Mon nom m’aide, il faut être honnête : quand j’ai exposé pour la première fois pour MAP, c’était parce que j’étais joueur de rugby. Il s’est avéré que ce n’était pas trop mal donc tant mieux. Même chose pour le Cambodge, et la vente aux enchères. Par contre si demain je prends mon appareil et que je me casse au fin fond de l’Amérique du Sud ou de l’Afrique, ce sera différent. Le sujet sera bon ou pas. C’est la prochaine étape.

QUE CHOISIRIEZ-VOUS ENTRE UNE RECONVERSION AU STADE TOULOUSAIN ET UNE CARRIÈRE DE PHOTOGRAPHE ? Je crois que je privilégierais la reconversion au Stade. Me dégager du temps pour faire des photos, j’y arriverais toujours.


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