Agenda culture Toulouse avril 2025 - Toulouse
- Sébastien Vaissière
- 4 avr.
- 4 min de lecture

Grand boulevard
Fils de Jean-Pierre Mocky et enfant du théâtre public, Stanislas Nordey délaisse la gravité des mises en scène qui l’ont occupé ces dernières années à la tête du Théâtre national de Strasbourg (Pasolini, Christine Angot, Marie NDiaye, Édouard Louis, Wajdi Mouawad), pour s’offrir le vertige comique d’un Feydeau. Son Hôtel du Libre-Échange est un pur vaudeville servi par 14 comédiens, 197 entrées et sorties rien que dans le deuxième acte, des décors ultra graphiques, des punchlines à la pelle, des cocus en pagaille, des libidos contradictoires et une mécanique huilée au WD40 qui démasque les menteurs, les vicelards et les bigots. Rare à Toulouse, rare au théâtre public, rare dans une mise en scène d’un artiste aussi doué que Nordey. Immanquable, donc.
Du 3 au 11 avril au Théâtre de la Cité

Grand air
La musique de Morricone a fixé dans les mémoires une foule de grandes scènes du cinéma populaire des années 1960 à 2010. La descente du train de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l’Ouest, c’est lui. Bébel criblé de balles dans la séquence finale du Professionnel, toujours lui. Uma Thurman enterrée vivante dans Kill Bill 2, encore lui. Ce qu’on connaît de ce grand compositeur italien n’est pourtant que la partie émergée de son œuvre-iceberg qui compte 500 bandes originales et 120 compositions de musique classique. En 2023, trois ans après sa mort, Musica e Oltre, l’entité chargée du legs musical de son œuvre, a confié à L’Europäische FilmPhilharmonie, société berlinoise de concerts et de production de musique de film fondée par le chef d’orchestre Frank Strobel, le soin de veiller sur la musique du maître, de la diffuser et de la faire vivre. C’est précisément ce que vient faire Strobel himself ce mois-ci à Toulouse, en dirigeant l’Orchestre du Capitole au gré d’un programme mariant airs fameux et pièces jamais interprétées en public.
17 et 18 avril à La Halle aux Grains

55 divisé par 9
On a appris le mois dernier la fermeture définitive du Canaille Club, l’iconique guinguette toulousaine installée dans un ancien hangar Latécoère de Montaudran, et avec elle la fin du Studio 55 attenant. Dans cette salle de 250 places, le trio Fred Menuet, Melissa Billiard et Pat Borg a écrit pas moins de 10 spectacles en trois ans et assuré une programmation qu’on regrettera. Les spectacles de fin de saison seront donnés au 9, café-théâtre de Compans-Caffarelli. Au programme les grands succès Toulousains 1 et 2, la création 2024 Parents, et À m’en donné, un manuel de savoir-être toulousain en chanson.
Renseignements et réservations : toulousain-productions.com

Mûrir sur scène
Quatre ans après sa deuxième place à l’Eurovision, Barbara Pravi reprend Dalida avec le groupe tzigane Aälma Dili. Ce tour de chant présenté l’an passé à Rio Loco s’arrête cette fois à Seissan au bien nommé festival Welcome In Tziganie. Le résultat est étrange mais pas dénué d’intérêt, qui confronte une chanteuse en pleine maturité artistique à un répertoire qui ne semblait pas taillé pour elle.Et pourtant.
Le 25 avril au Théâtrede Verdure de Seissan (Gers)
Petit format
L’éditeur toulousain Piktos trace depuis 2010 un sillon singulier avec une ligne éditoriale fondée sur le partage des savoirs en matière de bien-être, santé, ésotérisme, écologie et spiritualité. La maison vient de lancer une collection de petits formats à 7 euros reprenant les succès du catalogue, parmi lesquels un recueil de 40 cures naturopathiques (Daniel Kieffer), un pensum sur le tarot (Colette Sylvestre) et un guide pour apprendre à gérer les personnes toxiques qui vous pourrissent la vie (Christophe Médici). Ultra éclectique et très actuel.
En librairie
Grand tourment
C’est le malentendu classique entre les poètes et ceux qui ne les lisent pas : les seconds prennent les premiers pour des nazes déconnectés du réel. Les poètes sont pourtant plus en prise avec la réalité que nous. Il suffit pour s’en convaincre de lire la prise du bus et 50 fois l’île du ramier vers seveso de l’autrice toulousaine Pascale Cabrolier. Un recueil de textes en forme de prise de notes télégraphiques sans ponctuation et parfois sans espace entre les mots, qui s’ouvre sur le sort des malades et s’achève sur celui de sans-papiers. Contrairement aux apparences l’essentiel n’est pas dans le propos engagé de l’autrice mais dans le vertige que procure la lecture de ses listes de choses, de gens, de destins et de toponymes toulousains. On lit et on penseà cette définition du poète par Maulpoix :« Celui qui lance des fusées de détresse dans le cielvide de l’époque. »
la prise du bus et 50 fois l’île du ramier vers seveso - Pascale Cabrolier - éditions isabelle sauvage

Grand genre
La Cinémathèque en travaux jusqu’en 2026 amorce le printemps avec un cycle Film Noir hors les murs (projections aux Abattoirs) qui sent bon les privés en imper, les femmes fatales et les flingues à canon court. Bien que resserrée, la programmation de Franck Lubet retrace parfaitement l’histoire de ce genre roi né de la rencontre du roman noir américain, de l’expressionnisme allemand et du néoréalisme italien. Le plus dur sera de choisir entre films précurseurs (M le maudit, Fritz Lang, 1931), classiques du genre (Le Faucon maltais, John Huston, 1941), films cultes (Série Noire, Alain Corneau, 1979, avec un Dewaere habité) ou déclinaison nihiliste des frères Coen (Blood Simple, 1984). Pour notre part, on ira re-re-re-revoir Le Doulos, parce que ce film de Melville est une démonstration de mise en scène, parce qu’il s’agit d’une copie restaurée, et parce que Belmondo, y est tout simplement exceptionnel.
Cycle Film noir jusqu’au 4 mai aux Abattoirs
Le Doulos, version restaurée, le 13 avril à 14 heures