Avant la Deuxième Guerre Mondiale, le rugby à XV est minoritaire. C’est le XIII, ses vedettes, son jeu rapide et son absence de temps morts qui fait alors vibrer les foules. Mais dès 1940, Vichy change la donne. Le XIII est interdit par Pétain au nom de la révolution nationale, comme tous les autres sports professionnels. Le XV, demeuré amateur, récupère biens, stades et fonds du XIII, et se voit, comme le narre Bernard Prétet dans Sport et sportifs sous Vichy « avantageusement représenté dans les nominations à des postes de l’appareil politique vichyste ».
Ainsi, pendant que le demi d’ouverture biarrot André Dassary entonne « Maréchal , nous voilà ! » André Haon, ancien bâtonnier de Toulouse et président du Stade Toulousain de 1930 à 1935, est appelé par le Maréchal pour remplacer le conseil municipal fraîchement dissout. Son adjoint aux sports n’est autre qu’Albert Ginesty, urologue, président du Stade Toulousain de 1935 à 1938, président de la Fédération Française de Rugby dès 1940, et coauteur avec Paul Voivevel du rapport militant pour l’interdiction du XIII. En juin 44, la Gestapo arrête André Haon et le déporte en Allemagne, d’où il rentrera à pied en mai 45. Le préfet nomme Ginesty maire le 8 août 44, avant d’être arrêté à son tour deux semaines plus tard. Et si André Nahon retrouve bientôt le barreau de Toulouse, le rugby à XIII, lui, ne retrouvera jamais son lustre d’avant-guerre.
Photo : André Haon, 1936. Bulletin municipale de la ville de Toulouse, Archives de Toulouse, FRAC31555