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Angélique Panchéri : Popul’Hair

Orane Benoit

Une coiffeuse qui se fait embarquer en tournée par des comédiens et finit par les rejoindre sur scène pour chanter du Patricia Kaas… Ce n’est pas le scénario d’une comédie française mais bien le début de carrière d’Angélique Panchéri. Toulousaine d’adoption décoiffante, cette protégée des Chevaliers du Fiel, cartonne à la Comédie de Toulouse depuis plus de 10 ans.

Angélique Panchéri - © Orane Benoit
Angélique Panchéri - © Orane Benoit

Depuis la rue, devant la Comédie de Toulouse, on perçoit une voix grave et rocailleuse qui traverse les murs. En tendant l’oreille, on distingue un accent bien toulousain, un rire franc et des expressions du coin. Ce soir, Angélique Panchéri joue Toulouse… j’adore !, dans lequel elle incarne une agente immobilière brute de décoffrage. Dès sa première réplique, elle arrache un sourire, puis très vite elle déclenche un fou rire. Le public adore. Sur scène, elle mêle attitude déjantée à la Rita Mitsouko et burlesque maîtrisé façon Zizi Jeanmaire. À la voir faire, tout paraît évident. Elle a pourtant mis longtemps avant de se faire artiste.

Ce « clown de la classe » a grandi à Tonneins, un petit village du Lot-et-Garonne, avec un père artisan maçon et une mère femme de ménage. « J’ai eu une enfance très difficile : un père alcoolique, une mère dépressive. Mais je ne voulais surtout pas que ça se voie, alors j’enrobais tout, je faisais rire. Je voulais être comme tout le monde. » Pas question pour elle de s’apitoyer sur son sort : « Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, juste montrer qu’on peut réussir, même après une enfance de merde. » Et d’ajouter sans filtre : « Certains utilisent leur passé difficile comme excuse. : “J’ai été con parce que j’ai eu une enfance difficile!”… Non, t’as été con parce que t’es con. »

« Mais pourquoi t’as dit ça, pauvre couille ! »

À l’adolescence, elle choisit la coiffure : « J’ai adoré ! Être dans la vie active, discuter avec les gens, les embellir, créer des coupes, des couleurs… » Au salon, elle prend son rôle de confidente à cœur. « J’étais très cancan ! Qui est avec qui ? Qui fait quoi ? Les gens te disent qu’il ne faut pas critiquer, mais tu vas parler de quoi ? De la pluie, du beau temps ? Tu te fais vite chier. Moi, j’adore les cancans et je l’assume totalement ! »

Un jour, sa patronne l’amène coiffer une troupe de théâtre qu’elle suit depuis des années. Le courant passe bien, et les comédiens la convient pour leur tournée en Belgique. Après une soirée de rires avec le metteur en scène, il la met au défi de monter sur scène. « Je n’avais jamais fait ça. J’étais terrifiée, mais j’y suis allée. Au début, ils m’ont fait chanter : Mon mec à moi, Mamie Blue, Il portait des culottes… Je me prenais pour une chanteuse ! Mais ce n’était pas totalement mon truc. J’aimais la scène et le public, mais avec le chant, j’avais l’impression d’être à poil, de ne pas savoir quoi faire de mon corps. » Elle tente alors des cours d’art dramatique : « Je trouvais ça génial mais ça ne collait pas forcément à ma personnalité. J’ai décidé de faire le spectacle de fin d’année et d’arrêter ensuite. »

Marianne Valéry, sa professeure, lui confie pour son dernier show un rôle de boute-en-train, et parle d’elle au metteur en scène Roger Louret, créateur de la comédie musicale Les années Twist et directeur artistique de l’émission Les années Tubes diffusée sur TF1 dans les années 1990. Lors des trois soirs de représentation, il est dans la salle. À la fin, il lui lance : « Je suis prêt à écrire pour toi. Tu me rappelles Muriel Robin, et ça fait longtemps que je n’ai pas vu quelqu’un comme toi. On va être souvent ensemble. Mais ne t’inquiète pas, je suis pédé comme un phoque ! »

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