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Orane Benoit

Arnaud Bernard

Dernière mise à jour : 10 janv.

« À Arnaud-Bernard nous recevons le Monde, d’Arnaud-Bernard, nous parlons du monde », peut-on lire sur le site de Carrefour Culturel, association active depuis plus de 20 ans dans le quartier. Une pensée qui résume bien l’identité de ce quartier populaire où les habitants se réunissent dans la rue pour jouer de la musique, parler littérature, taper dans un ballon ou manger.



C’est où ?

En 1836, la destruction de sa porte Royale ouvre le quartier sur l’extérieur. Il devient au siècle suivant une terre d’accueil pour les Italiens fuyant Mussolini, puis les Espagnols fuyant le franquisme et les Maghrébins dans les années 1970. Il sera pendant longtemps la frontière entre la ville et la campagne, l’emplacement idéal pour les commerçants. Aujourd’hui, ce quartier populaire toujours marqué par la diversité de ses commerces est une porte d’entrée sur le centre-ville. Il est situé entre le boulevard d’Arcole et la basilique Saint-Sernin.


Silence, ça pousse !

Dans une petite pièce au sous-sol d’un immeuble d’Arnaud-Bernard, Nicolas Auriac et Quentin Jeandel cultivent des micropousses à l’abri des regards, de la lumière, des pathogènes et des changements de température. « Je trouvais intéressant d’arriver à faire pousser en intérieur, des choses qui ont du goût » explique Nicolas. Son acolyte complète : « La graine germée, c’est le premier stade d’une plante, la micro-pousse c’est le second. Vient ensuite la jeune pousse puis la plante mature. » Le binôme fait pousser une vingtaine de micropousses différentes : fleurs, arbres, aromatiques et légumes. « La ville peut apporter sa pierre à l’édifice en produisant dans des lieux abandonnés, des parkings, des sous-sols » assurent-ils. Un concentré de nutriments goûtu qui séduit de nombreux chefs toulousains comme le restaurant mexicain Mexcal à deux pas de leur local.


neopouss, Photo: Orane Benoit

Coquin

Dans le quartier, une petite rue qui ne paye pas de mine rencontre pourtant un franc succès chez les passants en recherche de déco pour leur salon. Adieu le labyrinthe infini d’Ikea ! Rendez-vous dans la rue de la Verge d’Or. Sa plaque tape dans l’œil des plus éméchés qui n’hésitent pas à s’en emparer. Elle détient sans doute le record de la plaque la plus volée de la ville Rose, devant celle de la rue de la Boule, du chemin de l’Anusse ou de la place de la Baïse…


Photo: Orane Benoit

Berceau du graff

Le graff tour, animé par Emmanuelle Robert, guide de l’office du tourisme, commence au cœur d’Arnaud Bernard, rue Gramat : « Ce quartier, c’est le berceau du graff avec notamment l’apparition de la Truskool au début des années 90. » La Truskool, c’est cette bande de graffeurs dont certains comme Tilt, Ceet, Miss Van, Fafi sont aujourd’hui connus dans le monde entier. Le collectif est d’ailleurs à l’origine du premier graff officiel, commandé par la Mairie, qui se trouve dans le jardin d’Embarthe. En 2017, sept membres du collectif étaient de retour pour réaliser la plus grande fresque du centre-ville, 30 mètres de haut, toujours à Arnaud-Bernard sur un immeuble proche de la grande place. Toutes les aventures de la Truskool sont racontées par Olivier Gal dans le livre Une histoire du graffiti à Toulouse publié aux éditions Atlantica. Renseignements sur le graff tour ici.


Les graff de la rue Gramat à Arnaud Bernard.
Les graff de la rue Gramat à Arnaud Bernard. Photo: orane Benoit

« Je suis là un peu trop souvent ! »

Au comptoir du Kalimera, Jimmy, le patron, et Tabou, le barman, régalent les habitués avec une tournée générale de féta. Une bière servie avec de la féta, c’était la petite attention instaurée par Costa, l’ancien chef grec dont l’état d’esprit transpire encore dans le lieu. À l’extérieur, sur des grandes tablées, ça sirote, ça grignote et ça papote : « Ici, les gens se rencontrent et se mélangent. C’est un lieu populaire et ouvert à tout le monde ! » souffle Jimmy. Des bières pas chères et une bonne ambiance qui ont notamment su séduire les jeunes communistes : « C’est ici qu’on se retrouve ! D’ailleurs, je suis là un peu trop souvent. Je participe même à la déco en collant des stickers » s’esclaffe Raphaël, habitué du bar depuis plusieurs années. Des bars comme ça, c’est « rare ». À table, on recommande aussi l’historique Breughel, place des Tiercerettes ou encore le Txus, rue Saint-Charles.

È coma aquo c’est bien, ça c’est bien Toulousain

Il a quitté le quartier depuis plus de 10 ans, pourtant son nom est encore dans tous les esprits et sur toutes les lèvres. Claude Sicre, le très franc musicien des Fabulous Trobadors a marqué de ses idées le quartier et ses habitants. En s’y installant dans les années 70, celui qui se dit « garçon de la rue » rêvait d’un quartier populaire où les gens se parlent. « Je faisais de la musique dans la rue, je jouais au foot sur la place. Je fréquentais les gens, je connaissais tout le monde ! » Co-fondateur du comité de quartier puis de plusieurs associations culturelles, Escambiar dans les années 80 puis le Carrefour Culturel, dont il est encore président, il passait son temps à monter des projets. Le carnaval, les conversations socratiques, des concerts sur la place… De grands noms se sont baladés dans les rues du quartier. L’une de ses idées essaimera même dans toute la France : les repas de quartier. « Tout le monde voulait venir au repas de quartier d’Arnaud-Bernard ! Tout le monde disait : “on se croirait dans un film.” ».

L’Ostalada

Au petit matin sur la place Arnaud-Bernard, une file se forme devant les rideaux bleus d’Ostalada, un lieu géré par le Secours Catholique qui accueille les plus démunis. Pour bénéficier d’un repas, d’une douche ou faire une lessive, il suffit de donner quelques centimes : « sortir une pièce de sa poche, c’est un premier pas pour s’insérer dans la société ; c’est aussi un gage de reconnaissance pour la personne qui est derrière le comptoir » expliquait Andrew, responsable du Pôle errance du Secours catholique, depuis six ans dans le numéro 73 de Boudu. Avant de devenir bénévole, il a passé huit mois dans la rue pour « comprendre et maîtriser les codes ». Depuis plus de 10 ans, les bénévoles accueillent des hommes et des femmes dans cet espace chaleureux et distribuent en moyenne soixante tickets par jour.


L’Ostalada, un lieu géré par le Secours Catholique qui accueille les plus démunis. Photo Orane Benoit

Jardin extraordinaire

Rue d’Embarthe, entre deux immeubles, on aperçoit à travers une arche, les cyprès, les oliviers et palmiers du paisible et charmant Jardin d’Embarthe. Derrière la grille, se révèlent 4 000m² de verdure où les familles se rendent après l’école et un mur sur lequel s’efface avec le temps le plus vieux graff toulousain, commandé par la Mairie en 1994 et signé par 4 membres de la Truskool.


Jardin d'Embarthe, quartier Arnaud Bernard. Photo Orane

Soif de culture

La jam session thématisée de la Maison blanche, c’est le rendez-vous incontournable des musiciens en quête d’inspiration et de rencontres. Donnez ce que vous voulez pour adhérer à ce petit café associatif créé en 2012 par l’association Art’Maniak et ainsi profiter de sa programmation alternative qui attire les curieux. Pour le théâtre, direction le Fil à Plomb créé en 1999 par trois amis comédiens. Nouche, alias M. Lapin, chargée de production du théâtre, nous recommande dans le dossier culture p67, Ça va mal finir, l’histoire contée d’Isadora Duncan par le collectif Chacun pour soi, avec une séance exceptionnelle le soir du 31 décembre.


La peau du ventre bien tendue

Sur la place des Tiercerettes, il y a de quoi stimuler ses papilles. Que ce soit avec le généreux couscous de chez Kasbah niché dans une jolie petite cour d’immeuble, ou les Pieds sous la table, restaurant à l’ambiance cosy tenu par Fabien Jeanjean ou au soleil sur la terrasse de Chez Franquette, le restaurant de l’audacieuse Anaïs Bergua qui propose une cuisine proche de la terre et des gens.


Place des Tiercerettes, quartier Arnaud Bernard. Photo: Orane Benoit

6_questions à Julie Escudier, maire du quartier Arnaud-Bernard

L’esprit du quartier ? C’est un quartier où les habitants, les commerçants et les associations sont très impliqués. Des groupes de travail ont même été créés pour avoir une réflexion collective sur le quartier. Ses points forts ? Outre son esprit collectif, il y a sa localisation. C’est une porte d’entrée sur le centre-ville. Nous avons également la chance d’avoir deux places, une grande pour des animations, des marchés et la place des Tiercerettes qui est plus intime. Enfin, je dirais la diversité de ses commerces et bien sûr son histoire, c’est un quartier d’accueil des populations.


Le moment de la journée pour goûter au mieux l’ambiance du quartier ? En fin d’après-midi, à la sortie des écoles. C’est le moment idéal pour aller se balader dans le jardin d’Embarthe ou se poser en terrasse place des Tiercerettes.


Un lieu ?  J’aime beaucoup le jardin d’Embarthe justement, mais ce que je préfère c’est participer au repas de quartier qui avait été lancé par Claude Sicre.


Une couleur ? Plutôt multicolore, parce que c’est le quartier du graff.


Un projet emblématique ? En décembre 2021, nous avons lancé le projet d’embellir et végétaliser, d’ici 2026, la rue des Trois-Piliers, la rue Gatien-Arnoult et la place Arnaud-Bernard. Un aménagement qui confortera la mixité sociale, l’intergénérationnel et la convivialité.


Julie Escudier, maire du quartier Arnaud-Bernard
Julie Escudier, maire du quartier Arnaud-Bernard. Photo: Orane Benoit

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