Les Arènes, dans les années 1960, étaient vraiment là. À la place du lycée. Les Arènes du Soleil d’Or étaient même les plus grandes de France après celles de Nîmes. Si aujourd’hui le quartier est surtout un lieu de passage pour des Toulousains pressés, son histoire, ses habitants de longues dates, méritent qu’on s’y arrête.
C’est où ?
Situé sur la rive gauche, au sud de Saint-Cyprien, il est sans doute l’un des quartiers les plus enclavés. Encerclé par la Cépière, Patte d’oie, Fontaine-Lestang et Bagatelle et fragmentés par ses grands axes, la Route de Saint-Simon, le Boulevard Déodat de Severac, le Boulevard Gabriel Koenigs et les allées Maurice Sarraut.
Le souffleur de verre
Expressives, pures, ludiques, essentielles, élégantes et tranchées, c’est comme ça que Thibaut Nussbaumer qualifie ses œuvres. Cet Alsacien de 35 ans, a installé son atelier urbain de soufflage de verre Tipii à Toulouse il y a maintenant 6 ans. En choisissant la Ville rose, il s’implante sur un terrain vierge où la tradition verrière est à façonner. « Ici, je suis libre de créer l’image du verre que je veux. » Avec Tipii, le souffleur veut changer l’image du verre, la moderniser, sortir des boules de Noël de son enfance ou des canards en verre produit à la chaîne pour amuser les touristes. « J’ai des choses à dire avec le verre ! » Pour lui, le travail du verre c’est presque « thérapeutique », son façonnage vient tempérer son caractère nerveux et dispersé. « Le verre ne te permet pas d’être ailleurs, tu dois être concentré à 100 % ». Un métier artisanal qu’il s’attache à faire connaître en ouvrant son atelier au public pour des initiations.
A la croisée des chemins
Aux Arènes, on marche vite. Il ne faudrait pas louper sa correspondance ! Ici, on peut prendre le métro, le bus, le train, le tram, louer un VélÔToulouse, et même déposer sa voiture au parking relais. Le quartier des Arènes est un véritable carrefour. Un lieu de passage journalier pour plus de 50 000 voyageurs. Une particularité qui lui confère le titre de deuxième pôle multimodal de Midi-Pyrénées.
Les Arènes du Soleil d’Or
Toulouse, on la connaît pour ses briques, le rugby, le bar chez Tonton, la violette… Il y a 60 ans, Toulouse c’était aussi une place forte de la tauromachie. En 1964, pour l’ouverture de la temporada aux Arènes du Soleil d’Or, on pouvait voir les matadors Dominguín ou El Cordobés toréer devant 10 000 aficionados. Construite en 1953, les Arènes du Soleil d’Or étaient, après celles de Nîmes, les plus grandes arènes de France. Si le dernier spectacle de tauromachie a eu lieu en octobre 1976, elles n’ont été détruites qu’en 1990. De ce tas de ruines est né le demi-cercle du Lycée des Arènes, un choix architectural en mémoire du temple de la tauromachie.
© D.R.
Urgence
Construite en 1978, la clinique Ambroise-Paré reçoit plus de 22 000 patients par an. Ses urgences comptabilisent plus de 13 000 passages annuels. Elle est située juste à côté du Jardin du Pech, écrin de verdure du quartier des Arènes.
Et top !
Je suis une salle de jeux où l’on peut se retrouver entre amis, entre collègues, ou en famille pour s’affronter sur des questions de culture générale comme à la télévision, je suis installée dans le quartier depuis un an, je possède même de vrais buzzers, je suis je suis… Quiz Room Toulouse.
© Quizz Room
Si tu ne m’aimes pas je t’aime
Carmen, la doyenne du quartier à l’accent espagnol, vit au Cristal depuis plus de 46 ans : « Je suis connue ici ! » Originaire de Cordoue, elle rejoint son mari en France en 1958 : « Mon mari avait traversé les Pyrénées sans papiers. Peu de temps après, il s’est engagé dans l’armée française avant d’être blessé de guerre. » Sa fille Olga la décrit comme une « femme forte ». Carmen, c’est celle qui parle des autres, qui prend soin des autres : « Je crois que Dieu m’a donné le don d’être avec les autres. » Comme elle l’a fait discrètement pour les familles du Cristal en aménageant un jardin pour les enfants. Ou comme cette anecdote qu’elle prend plaisir à raconter à qui veut bien l’entendre : « Un jour, j’ai accueilli l’évêque sur mon balcon pour qu’il puisse admirer Toulouse d’un peu plus haut », dit-t-elle en montrant la photo soigneusement encadrée d’elle avec l’homme d’église, devant le beau laurier rose sur son balcon.
Ça tourne !
À proximité du lycée des Arènes, il n’est pas rare de croiser des étudiants caméra sur l’épaule ou perche au-dessus de la tête. En production, en son, en montage ou en image, depuis 1993, de nombreux étudiants ont été formés aux métiers de l’audiovisuel. Aujourd’hui, ils sont partout. À Toulouse et dans les plus grandes salles de spectacles de France, en studio avec de grands artistes, et bien sûr au festival de Cannes. Pour preuve, la dernière Palme d’or, Anatomie d’une chute, de Justine Triet, a été mixée par Olivier Goinard, ancien étudiant lauréat de plusieurs César du meilleur son.
Marché nocturne
En 2014, après plus de deux ans de travaux pour l’implantation du tram, la place Emile-Mâle est redevenue le point de rencontre du quartier. Notamment grâce à son marché nocturne organisé tous les vendredis de 17h à 20h. « C’est très convivial, un bon marché de quartier ! », témoigne Alexa Noto qui installe son camion de cuisine italienne depuis 4 ans.
Fenêtre sur quartier
En sortant du métro Arènes, impossible de louper l’immense paquebot qui domine le paysage. 230 mètres de long, 15 étages. Un style brutaliste des années 60, qui ne passe pas inaperçu. La barre du Cristal. Un géant de béton de 427 logements. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui partagent leurs précieux souvenirs : trap-trap entre copains sur le toit brûlant, expédition près du four derrière l’immeuble, apéro sur le balcon à observer la destruction des Arènes du Soleil d’or…
6_questions à Marine Lefèvre, maire du quartier des Arènes
L’esprit du quartier ? Avec 50 à 80 000 passages par jour, c’est le 2e pôle multimodal de Midi-Pyrénées derrière la gare Matabiau. C’est donc un lieu de passage, qui reste quand même un lieu de vie avec notamment le grand ensemble de logements du Cristal, le lycée des Arènes, ou encore le siège des Chalets et quelques commerces.
Ses points forts ? C’est un quartier dynamique, ça circule ! Son point fort, c’est justement d’être un nœud de mobilités avec le métro, le bus, le tram et le train. Et puis, il y a dans ce quartier une très grande mixité de publics, liés justement aux diverses institutions qui s’y trouvent.
Le moment de la journée pour goûter au mieux l’ambiance du quartier ? En fin d’après-midi, quand les lycéens sortent pour se diriger vers les transports en commun. Pour eux, c’est la libération ! Et puis, c’est un lycée d’art graphique donc ils ont des tas de styles très différents, un petit porte-vues sous le bras… c’est très agréable.
Un lieu ? Le jardin du Pech que nous avons réhabilité. C’est un point de fraîcheur, de sérénité, avec des familles qui viennent jouer, des personnes âgées qui se posent sur les bancs, des joueurs de pétanques.
Une couleur ? Sans hésiter le vert ! À l’échelle globale des quartiers dont j’ai la charge (Fontaine-Lestang, Bagatelle, Papus…), il y a beaucoup d’espaces verts, comme le parc des Merlettes, le petit bois de Bagatelle, le jardin de la Faourette, le parc de la Gironde, le jardin de Fontaine-Lestang….
Un projet emblématique ? Un cabinet extérieur travaille sur la requalification du quartier. Ils font des diagnostics auprès de tous les occupants du quartier pour voir comment il pourrait être aménagé afin de le rendre plus attractif.