A Blagnac, c’est désormais une tradition : chaque élection municipale est l’occasion de règlements de compte internes au sein de la municipalité sortante. Les subtilités de la politique cassoulet peuvent échapper aux nouveaux habitants du quartier Andromède, cette « Airbus-ville » qui a poussé sur les terres où les maraîchers « caouecs » cultivaient jadis des carottes. L’histoire est pourtant jubilatoire, dans une commune où la droite a officiellement disparue des écrans radars. Réélu de justesse en 2014 face à la dissidence de son ancien premier adjoint en 2014, Bernard Keller, maire depuis 1996 et conseiller régional, a préféré céder son fauteuil en cours de mandat à Joseph Carles, membre comme lui du PRG. Celui-ci a cru se prémunir de toute rivalité politique en ouvrant largement sa liste à toutes les sensibilités, du PS jusqu’aux centristes du MoDem. Il a même réussi à intégrer une conseillère municipale sortante LR. Face à lui, le maire de Blagnac aura pourtant une liste jumelle conduite par Chantal Canut, ancienne présidente de l’association de soutien à Bernard Keller. L’architecte, qui se présente sans étiquette, a beau clamer qu’il ne s’agit pas d’une liste de l’ancien maire contre son successeur désigné, personne n’est dupe à Blagnac. Une sombre affaire de permis de construire a définitivement brouillé Carles et Keller. Chantal Canut aligne sur sa liste l’ancien adjoint (MoDem) à l’urbanisme et David Gerson, autre conseiller municipal sortant LR. Le dernier des Mohicans de la droite blagnacaise, qui avait réuni 21 % des voix en 2014, a préféré s’allier dès le premier tour avec ces opposants de la dernière heure. Sur le fond, les critiques de Chantal Canut à l’encontre de Joseph Carles reprennent peu ou prou celles des anciens dissidents de Bernard Keller sur un urbanisme mal maîtrisé de la ville, qui a allègrement franchi la barre des 20 000 habitants. L’architecte estime que trop d’immeubles sont vendus sur plan à des investisseurs grâce à des dispositifs de défiscalisation. Les anti-Keller historiques, qui reprochaient à l’ancien maire sa trop grande proximité avec Airbus, regrettent surtout la construction d’immeubles à la place des anciennes maisons du centre-ville. Face à ces trois listes qui déclinent les différentes nuances d’un centrisme blagnacais très pluriel, Marie-Pierre Bès se positionne clairement à gauche. Niant être soutenue par le PCF, cette multi-militante qui joue la carte « citoyenne » tentera de faire mieux que les 8 % obtenus par la liste du Front de Gauche où elle figurait déjà en 2014. L’extrême-droite, qui n’avait pas réussi à constituer une liste lors du dernier scrutin, passe son tour.
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