Caroline Estremo a déserté les urgences pour remplir des salles de spectacle. Pour sa grande première au Zénith, l’infirmière toulousaine devenue humoriste a laissé Boudu passer la journée auprès d’elle, de l’ultime répétition jusqu’au salut final.
Photos : Orane BENOIT
H-4. Test micro. Calage lumières. Le Zénith se réveille. « C’est donc ça le son du Zénith ?» Le conducteur à la main, Caroline Estremo répète méticuleusement
près de ses danseurs. Ce soir, elle joue à domicile. Tout doit être parfait : « J’ai des hauts et des bas. Je stresse, donc je fais des blagues ». La Toulousaine a déjà joué à la maison, notamment au Casino Barrière, mais le Zénith, c’est une première, l’aboutissement d’une tournée de plus de 200 dates avec son spectacle J’aime les gens.
Il y a six ans, alors qu’elle est infirmière aux urgences du CHU de Purpan, elle décide
après une énième mauvaise journée de poster sur Facebook un sketch dans lequel elle
évacue son stress et ses rancœurs : « Infirmière, c’est tendu du slip. Infirmière aux
urgences, c’est Koh Lanta ! » La vidéo fait des milliers de vues. En juin 2020, elle finit
par lâcher la blouse pour les planches. Tout plaquer, elle sait faire. Même en amour :
« J’étais mariée à un homme et j’ai tout plaqué pour partir avec Elo, qui était aussi avec
un homme. Elle était alors ma meilleure amie. Un vrai film américain ! »
Cela explique que ce soir, au Zénith, la communauté médicale soit surreprésentée.
Caroline s’en amuse : « C’est pas le jour à tomber malade Tous les soignants sont ici ! »
Petit à petit, les danseurs et les proches, au premier rang desquels sa compagne et
directrice de production Elodie, quittent la salle.
À un peu plus d’une heure du lever de rideau, Caroline Estremo règle les derniers détails. Comme l’entrée inédite qu’elle va faire sur un brancard poussé par Peter, toulousain ambulancier depuis 21 ans. Dans les coulisses, Clémence Chardon sa manager,
s’active : « Ça va être le moment du dernier câlin avec sa femme, sa fille et l’équipe… c’est beaucoup d’émotion. »
H-1. La salle se remplit. Dans les rangs, ça parle hôpital, patient, médecin… Laurence, Claire et Sylvie, infirmières aux urgences de Purpan, suivent Caroline depuis ses débuts. L’occasion de faire une sortie entre collègues : « Ce qu’elle raconte dans son spectacle, c’est la réalité ! Elle se permet de dire des choses avec humour qu’on n’oserait pas dire. »
La première partie s’achève. Après une vidéo d’introduction qui fait son effet, tournée depuis le CHU de Purpan jusqu’au Zénith, Caroline débarque sur scène. Pendant plus d’une heure et demie, les scènes cocasses des urgences rythment le spectacle.
« Est ce qu’il y a des soignants dans la salle ? ». La plupart des mains se lèvent.
Les autres seront baptisés les « moldus ».
La Toulousaine quitte la scène sous les vivats. Sa soirée se poursuit en coulisse avec ses proches pour fêter la fin de J’aime les gens et le début de Normalement, son prochain spectacle, moins médical et plus intime…