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Roger Amilhastre, coiffeur à 91 ans

Jean Couderc

À bientôt 91 ans, Roger Amilhastre aiguise toujours ses ciseaux pour coiffer ses (fidèles) clients. Une longévité exceptionnelle qui lui vaut le titre envié de plus vieux coiffeur de France en exercice. En plein débat sur la réforme des retraites, Boudu a rendu visite à ce Saint-gironnais pur sucre pour essayer de comprendre ce qui le pousse à continuer quand tant d’autres rêvent d’arrêter.


En cette rigoureuse matinée de mi-décembre, il n’y a presque pas âme qui vive rue Villefranche, pourtant située à deux pas du centre-ville de Saint-Girons. Dans la sous-préfecture de l’Ariège, l’heure ne semble pas encore aux festivités de Noël. Et devant le numéro 62, c’est la même chose. Sinon que c’est déjà un exploit que la devanture soit ouverte, et les néons allumés. Parce qu’à l’intérieur, c’est un nonagénaire qui tient les ciseaux et les peignes, avec l’enthousiasme d’un junior. Comme tous les matins (du mardi au samedi), Roger Amilhastre a mis son réveil à 5h45 pour être prêt à ouvrir son salon de coiffure à 9h. Un rituel immuable qui dure depuis près de… 80 ans !

C’est son paternel, Achille, qui a montré la voie. Après avoir fait ses armes chez un autre coiffeur, rue du Pujol, il s’installe à son compte en 1932. Deux ans après, Roger vient au monde.

Le coiffeur Roger Amilhastre - © Rémy Gabalda
Le coiffeur Roger Amilhastre - © Rémy Gabalda
« Je n’étais pas dans mon élément avec les femmes. Ce n’était pas une question de timidité, mais entendre parler de combinaison et de culotte toute la sainte journée, cela ne me plaisait pas trop. »

Sitôt le certificat d’études en poche, le jeune garçon est tenu de choisir : ce sera la coiffure ou la boucherie, « parce que j’avais une dextérité des ossements. Mon père m’a laissé 5 à 6 mois de réflexion. Mais il voulait absolument que je travaille. J’ai finalement opté pour la coiffure pensant que mon père finirait bien par me laisser le salon. Mais ce n’était pas un rêve d’enfant d’y travailler. »

En 1947, à l’âge de 13 ans, il fait donc son entrée en tant qu’apprenti dans l’affaire paternelle, « la fierté de la famille ». Ce que le jeune homme n’imagine pas, c’est qu’il va rapidement se retrouver propulsé à la tête du salon au décès de son père quelques années plus tard. Un départ cruel, à l’âge de 53 ans, pour celui qui ne se cache pas d’avoir aimé travailler en famille : « J’étais content d’être avec mes parents, j’étais bien avec eux, on s’entendait bien avec mon père, même s’il pouvait y avoir, de temps à autre, un accrochage. Mais ce n’était jamais grave. Et puis c’est lui qui m’a appris le métier. »

Comme son père, Roger Amilhastre s’adonne dès son plus jeune âge à la pratique du rugby. Et comme lui, il coiffe exclusivement les hommes.

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