À rebours du mouvement #MeToo, de plus en plus d’adolescentes se passionnent pour la dark romance, un genre littéraire assimilable à du Harlequin transgressif qui épice l’eau de rose avec du sexe et du sang. Les bourreaux y sont sexy, les femmes soumises, les hommes toxiques mais désirables, les valeurs renversées, et le consentement en option. Avec son autrice phare, Okeanos S., et sa librairie spécialisée unique en France, Toulouse s’impose comme une place forte du genre. Au grand dam de ceux, ados comme adultes, qui alertent sur l’influence qu’il exerce sur les plus jeunes.
« Si je reste une minute de plus avec toi, soit je te tue, soit je te démonte sur ce putain de canapé. » Cette tirade extraite de Captive, le roman de l’autrice algéroise Sarah Rivens, 24 ans, par lequel le phénomène dark romance est arrivé en France, résume à elle seule l’ambiguïté et le mélange de violence et de sexe qui caractérise le genre. Apparu via Wattpad, média social sur lequel des lecteurs principalement adolescents écrivent, lisent et partagent des textes, le roman a été repéré par une branche de l’éditeur Hachette en 2022, et transformé en saga à succès. En 2023, Captive a ainsi dépassé au palmarès des ventes Le Suppléant, best-seller confession du prince Harry. La trilogie s’est à ce jour écoulée à 700 000 exemplaires. Une pincée de dialogues crus, quelques cuillères à soupe de scènes érotiques décrites dans les moindres détails, un flot de violence, un bain de syndrome de Stockholm, le tout assaisonné de fantasmes fondés sur la soumission sexuelle des femmes… voilà la recette de la dark romance. Mais attention, chaque autrice peut la cuisiner à sa sauce, car il n’en existe aucune définition claire. Difficile, dès lors, de se forger une opinion sur ce genre né aux États-Unis, qui va du thriller romantique jusqu’au porno gore.
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