Au sous-sol d’un immeuble Toulousain dont l’adresse ne se partage qu’entre initiés, deux toulousains de 23 ans ont ouvert l’an dernier un atelier de mécanique clandestin. Ils y retapent gratuitement de vieilles mobs, par amour de la mécanique, et par goût de l’underground.
« L'underground, c’est ce qu’on cherchait. c’est censé être un projet un peu secret » -Thibault Jayr, diplômé en mécanique et en agronomie
Un soir de juillet sur la terrasse du Marché noir aux Carmes, une mobylette accroche tous les regards. Entre deux gorgées de bière, on chuchote que cette vieille mob customisée, un Peugeot 103 SPX des années 1990, sort d’un mystérieux garage caché quelque part sous la ville. Deux Toulousains auraient eu l’idée, juste avant le confinement, de monter un projet underground autour de la mécanique. Ce projet, c’est celui de Pierre-Antoine Combes, ingénieur chez Airbus et de Thibault Jayr, diplômé en mécanique et en agronomie, tous deux férus de véhicules anciens. Leur garage clandestin est installé au sous-sol d’un immeuble du centre-ville. Interdit d’en dire davantage. Sur place, dans le hall d’entrée marbré, une porte permet d’accéder au souterrain. Un étage, deux étages puis vient le troisième et dernier sous-sol. Le décor est froid. Les néons s’allument à notre passage le long de boxes identiques. Pas un bruit, hormis nos voix qui résonnent et l’écho lointain d’une radio folk. Derrière une porte, 10m² de garage. Déco vintage, presque hipster. Des mobylettes, des motos et toute une panoplie d’outils minutieusement entreposés. Il y a un peu plus d’un an, les deux amis ont décidé de trouver un local pour bricoler sur de vieilles mobylettes parce que « les mobs c’est parfait pour faire de la mécanique en ville. Ça ne prend pas de place et c’est souvent pour des petits budgets ». Pas si facile de trouver le lieu qui convient, mais « le fait que ce soit underground, c’est ce qu’on recherchait, car c’est censé être un projet un peu secret »
Une fois le local débusqué, ils raccordent l’électricité, construisent leur établi sur mesure et lancent Troisième Sous-sol : « On est partis de rien et on a tout créé avec des matériaux de récupération. Les gens adorent voir des vieux trucs rouler. Les véhicules anciens ont un côté mignon que les plus récents, aseptisés, n’ont pas. » Thibault, c’est celui qui met le plus les mains dans le cambouis alors que Pierre-Antoine son truc c’est surtout l’impression 3D : « Je dessine des pièces sur mesure et je les imprime chez moi. Ce sont des pièces esthétiques, car elles ne sont pas très résistantes » concède-t-il en chuchotant pour ne pas être repéré par les voisins de boxe. Thibault et Pierre-Antoine en sont conscients, passer d’un projet qui fonctionne grâce au bouche-à-oreille à une entreprise ce n’est pas évident, surtout dans le milieu de la mécanique. Alors pour le moment, ils n’envisagent pas de professionnaliser leur atelier. Même si les demandes affluent, le duo sélectionne seulement les projets qu’ils jugent intéressants : « On fait ça par passion, pour s’amuser. D’ailleurs, on ne demande pas d’argent. » En attendant, la rumeur circule toujours dans les bars toulousains, et nombreux sont ceux qui voudraient voir passer leur mobylette entre les mains du duo de Troisième Sous-sol.
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