Depuis le début du mois, les habitants du quartier Dupuy ne peuvent plus observer Sébastien Julien travailler dans son garage de la rue des Potiers. La fin d’une époque, celle des garages de centre-ville, auxquels la réalisatrice Claire Vassé rend hommage dans son prochain film Double Foyer.
Sébastien Julien a la mécanique dans le sang depuis toujours. À 14 ans, il passait déjà des heures à démonter et remonter des mobylettes. C’est en accompagnant son père déposer sa vieille Renault 16 chez le garagiste qu’il a le déclic : « En voyant toutes les bagnoles, j’ai su que je voulais en faire mon métier ».
Après des études de mécanicien et quelques expériences ici et là, il rejoint en 1998 le garage des Potiers, dans la rue du même nom, à deux pas de la place Dupuy.
Photos : Orane BENOIT
25 ans après, le grand garagiste barbu est connu comme le loup blanc dans le quartier. Les plus âgés s’arrêtent pour boire le café au retour de la boulangerie. D’autres se rappellent des folles soirées entre copains organisées dans le garage : « J’ai un caractère de merde, mais je suis ouvert à tout ! J’ai fait des séances photo de mode ici, des concerts entre potes, des soirées ping-pong pour lesquelles on montait le pont élévateur pour installer des barbecues électriques ! » De ce garage, Sébastien Julien a fait un lieu de vie en rénovant l’étage pour y installer son appartement. Une particularité qui a immédiatement séduit la réalisatrice Claire Vassé qui cherchait un garage pour y tourner son prochain film : Double Foyer. En octobre dernier, Sébastien Julien voit s’installer l’équipe du film dans son garage : Pierre Rochefort, Émilie Dequenne, Max Boublil et Michel Jonasz. Il voit même les rôles s’inverser, puisqu’il devient, le temps d’une scène, client de son propre garage.
Le visage masqué par ses mains noires de cambouis qui s’agitent sous une Clio, il se confie : « Comme m’a dit ma compagne, le cinéma n’est pas arrivé par hasard. C’est le clap de fin ! » Car ces anciennes écuries converties en garage automobile seront prochainement remplacées par des logements. « C’est la fin des garages de quartier. Dans 40 ans, il n’y aura plus dans le centre-ville que des immeubles de logements avec des supermarchés en bas. Mon patron avait raison de me mettre en garde. Je me suis lié d’amitié avec des voisins, des clients. Cela me fait de la peine de devoir partir. » Mauvaise nouvelle pour les Toulousains du quartier Dupuy, mais bonne nouvelle pour les habitants de Sainte-Foy-d’Aigrefeuille, où Sébastien Julien ouvre ce mois-ci son nouveau garage.