Pour GRÉGORY MARTIN, secrétaire général CFDT Occitanie, tout n’est pas réglé depuis la mise en place des ordonnances en 2018 qui font du télétravail un droit.
Quelle est l’approche de la CFDT en matière de télétravail ?
De façon générale, nous pensons que le télétravail est loin d’être un outil technique anodin dans une entreprise. Il interroge très profondément l’organisation du travail et un certain nombre de représentations sur la façon dont le travail doit être exercé. C’est donc un sujet majeur lorsque l’on considère, comme nous, que l’entreprise est un lieu de « vivre ensemble ». Il faut donc réguler, organiser et déconstruire un certain nombre de représentations.
Qu’est-ce qui a changé ces dernières années ?
On est définitivement sorti de la logique qui avait cours avant les ordonnances, qui était un peu à la carte. À partir du moment où le télétravail est devenu un droit en 2018, on s’est tourné vers quelque chose de plus collectif. Cela a introduit une nécessité de dialogue social.
La démocratisation du télétravail est donc une avancée importante ?
Oui, mais le télétravail n’est pas l’alpha et l’oméga de la qualité de vie au travail. Dans la pratique, cela ne règle pas un certain nombre de difficultés professionnelles de salariés qui vivent mal leur travail. Cependant, à 70 %, tous celles et ceux qui bénéficient d’accords de télétravail reconnaissent que cela améliore leur fatigabilité et la conciliation vie professionnelle – vie privée.
Y a-t-il des risques pour les salariés ?
Il est extrêmement important de poser la question du dialogue social, du diagnostic de l’entreprise bien en amont de la signature d’un accord. Il y a plein de choses qui se jouent : la charge de travail, la mission de contrôle du manager, le matériel, la formation… Il faut aussi faire attention à l’adaptation du poste de travail au domicile, car il y a une ambiguïté dans les ordonnances de 2018. Elles produisent un droit nouveau-et s’il n’est pas exercé il faut qu’il soit motivé-mais avant les ordonnances, le télétravail informel était pris en charge par l’employeur (matériel, internet…). Depuis, l’employeur n’est plus tenu de financer la mise en place du poste. D’où l’obligation d’avoir un accord !
Qu’en est-il du droit à la déconnexion ?
Le législateur a prévu que l’accord doit prendre en considération la question de la charge de travail et le droit à la déconnexion… Il y a des clauses de revoyure dans ces accords là pour regarder les tendances de travail des salariés concernés avec des alertes possibles.