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Agnès Barber

Jamais sans ma poule – Guirec Soudée

Dernière mise à jour : 21 mai

Du 25 au 29 novembre prochain au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, se tiendra le festival d’explorations scientifiques Terres d’ailleurs. L’occasion d’y découvrir les aventures de Guirec Soudée, qui pendant 5 ans, a parcouru les mers du globe avec sa poule Monique.



Pourquoi avoir embarqué une poule dans votre traversée de l’Atlantique ? Avant de me lancer dans ce voyage, je voulais adopter un animal de compagnie, pour me sentir moins seul. Un chien aurait été malheureux et les chats ne m’amusent pas vraiment. Je pensais alors à une poule, pour avoir des œufs. On avait tenté de me décourager en m’expliquant qu’une poule stressée ne pondrait jamais. Mais cette idée ne m’avait pas quitté, et j’en avais parlé à mes amis de Tenerife, qui ont proposé de m’en dénicher une.


Et ? Lorsque j’ai rencontré Monique, nos regards se sont croisés et on s’est tout de suite plu… J’ai conscience d’avoir eu de la chance car Monique est une poule aventurière, une poule de pleine mer avec « la patte marine » ! 28 jours de traversée de l’Atlantique, 25 œufs : pari gagné, j’avais des œufs frais, bien iodés !


Comment s’est passé le voyage avec Monique ? Ce que je n’avais pas imaginé, c’est la compagnie qu’elle m’apporterait, ce lien d’amitié. Sur le bateau, on se comprenait, une poule, c’est hyper intelligent comme animal. D’ailleurs, on se parlait, si, si, juré ! Bon ok, à force de rester seul on devient un peu fou ! Et puis elle faisait sa petite vie sur le bateau, elle se baladait sur le pont en toute liberté, avançant tranquillement malgré les embruns et les vagues, saisissant au passage des poissons volants.


Après la traversée de l’Atlantique, et une longue étape au chaud, dans les Caraïbes, vous avez décidé de mettre cap vers les glaces du Grand nord… Comment Monique a-t-elle supporté le froid ? J’étais sûr de rien mais une poule, ça peut supporter des températures de -10°/-15° en France. C’est super résistant ! J’avais mon petit chauffage, et puis je lui avais fait une petite cabane à l’intérieur du bateau.


Comment faisiez-vous pour vous nourrir ? Je comptais creuser un trou dans la glace et pêcher. Sauf que ça n’a pas du tout marché : le seul poisson que j’ai réussi à prendre ressemblait à un stonefish, un poisson pas comestible que j’avais déjà rencontré en Australie. J’avais emporté très peu de nourriture : du riz, des vitamines et des compléments alimentaires. Je nourrissais Monique avec du grain. Heureusement, elle a continué à pondre des œufs ! Bon, j’ai quand même perdu 12 kilos !


Est-ce que ça ouvre des portes de voyager avec une poule ? Oui ! Elle suscite la curiosité : il y a des pays où ils n’ont jamais vu de poules ! C’est super pour faire des rencontres. Par contre avec la grippe aviaire, c’est aussi sacrément compliqué, j’ai souvent dû la cacher aux autorités. Au Canada, je me suis retrouvé en prison à cause d’elle.


Comment s’est passé le retour sur terre avec Monique ? Elle est toujours avec moi. Désormais elles sont 5 puisqu’on a adopté 4 copines. Mais les autres, c’est différent : je ne peux pas les approcher. Monique, c’est comme un membre de ma famille, c’est un véritable animal de compagnie. Elle a 7 ans aujourd’hui et j’avoue que j’essaie de ne pas penser à l’éventualité de sa mort…


Et la prochaine aventure ? Au mois de novembre, je vais partir traverser l’Atlantique en solitaire à la rame. Mais Monique ne sera pas du voyage : l’embarcation est trop petite. Elle va rester ici avec mon chien. C’est ma copine qui va s’en occuper


• Le livre de Guirec Soudée « Le monde selon Guirec et Monique », éd. Flammarion est sélectionné parmi les 5 lauréats des livres d’aventure du festival Terre d’ailleurs, à Toulouse, qui se déroulera au Museum d’histoire naturelle.

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