Pourquoi avoir décidé d’ouvrir le capital de Citiz ? Citiz est à un moment important de son histoire. Nous sortons du territoire métropolitain pour étendre notre rayon d’action à la région. Nous avons déjà des voitures, par exemple, sur le Parc des grands Causses à Millau ou à Tarbes. Nous sommes en discussion avec d’autres collectivités. Ce serait pertinent de retrouver des voitures Citiz dans les grandes gares de la région. Si l’on ajoute les demandes d’élargissement du maillage toulousain, notamment liées à l’arrivée de la 3e ligne de métro, on a des perspectives de croissance et de développement très importantes qui nécessitent de renforcer le capital pour se crédibiliser auprès des partenaires financiers. À qui s’adresse cette ouverture de capital ? À tous, même si nous ciblons particulièrement les collectivités et les entreprises de l’économie sociale et solidaire. Chez Citiz, le capital est détenu à plus de 67 % par les citoyens. Pour rééquilibrer l’effort de soutien, on a souhaité leur demander de participer davantage. En tant que Scic, on a vocation à accueillir des collectivités comme Toulouse Metropole, déjà présente, ou la Région que l’on a récemment sollicitée. On ne demande pas de subventions, mais on trouve légitime d’être soutenus.
Pourquoi ? Un client Citiz, c’est d’abord quelqu’un qui prend les transports en commun. Lorsqu’il abandonne son véhicule, c’est pour se convertir au bus, au tramway, au vélo, au train. De nombreuses collectivités découvrent l’importance de l’autopartage dans leur mix de mobilité. On est souvent un point de pivot.
Comment naît Citiz ? En 2009, un collectif d’habitants découvre le principe au Canada et décide de le mettre en place à Toulouse. Il crée une association, Mobilib, qui deviendra ensuite une Scic, dans laquelle les adhérents prennent des parts qui serviront à acheter les premières voitures. Parallèlement, des accords sont trouvés avec la Métropole pour obtenir des stations. Car Citiz pratique ce que l’on appelle de l’autopartage en boucle, la forme qui a le plus d’impact positif pour un territoire. Et la seule qui permet de donner confiance au citoyen dans sa démarche d’abandon d’une voiture personnelle.
Était-ce la première tentative en France ? Non, il y avait eu des initiatives antérieures dans le nord-est de la France sur la base de coopératives également. Et ce sont ces coopératives qui vont décider de se regrouper pour créer le réseau Citiz. Il ne s’agit donc pas d’une franchise mais de sociétés indépendantes qui ont des liens très forts les unes avec les autres. C’est vraiment une grande famille, jusque dans les statuts.
Comment définiriez-vous l’autopartage ? L’autopartage, c’est le fait d’utiliser pour ses déplacements une voiture qui ne vous appartient pas et qui sera amenée à être utilisée par d’autres personnes à d’autres moments. On considère, par exemple, que lorsque le fils utilise, dans une famille, une voiture, c’est déjà de l’autopartage.
À l’échelle de la métropole, combien comptez-vous d’usagers ? Il y a plus de 4300 inscrits pour environ 2000 usagers actifs/mois pour 80 voitures et une trentaine de stations. Certaines personnes louent toutes les semaines alors que d’autres ne vont faire appel à nous qu’une fois par an pour les vacances. La vision de Citiz c’est que l’autopartage doit être un outil pour aider les gens à changer leur manière de se déplacer. L’objectif étant de réduire l’usage de la voiture, et les déplacements.
C’est-à-dire ? On s’est aperçu que nos plus anciens adhérents utilisaient chaque année un peu moins les voitures. C’est une tendance de fond chez tous les auto-partageurs qui ont la même vision, c’est-à-dire pour lesquels la voiture est présentée comme le dernier recours de mobilité. Avec le temps, les gens apprennent à faire plus de choses à pied, à vélo, en transports en commun. Et surtout apprennent à moins se déplacer. Là où ils pouvaient traverser la ville pour économiser 5 euros par mois pour se rendre dans une salle de sport, ils vont privilégier celle qui est dans leur quartier. Ce sont eux qui ont réussi leur transition de mobilité : ils ont réussi à adapter leurs vies aux modes de déplacements.
Qui est l’autopartageur type ? Jusqu’à peu, c’était très cadre sup, centre-ville avec des motivations écologiques. Depuis que l’on a mis en place une offre découverte avec inscription en ligne, on a tous les profils et tous les âges. On va avoir autant de gens qui vont venir pour des questions financières, que des hyper-citadins ou des gens qui viennent parce que l’on est extrêmement inclusifs. On permet par exemple aux personnes âgées ou aux jeunes conducteurs de conduire nos voitures.
L’autopartage est-il rentable ? Financièrement, Citiz devient rentable si vous roulez moins de 10 000 km par an. Après il faut s’entendre sur ce qui est rentable. Les années aidant, vous roulez moins. Au final, ça peut constituer des économies. Mais on n’a absolument pas vocation à être mis en concurrence avec des services de location classiques. Mis bout à bout, on n’est jamais beaucoup plus cher. Mais ce ne sont pas les personnes qui cherchent un one shot qui vont être notre cible. On vise davantage des gens qui cherchent du sens et qui sont sur une démarche sur le long terme.
On imagine que la crise du Covid-19 a dû affecter votre activité… C’est tout le paradoxe de notre situation. Nous faisons partie des entreprises très durement touchées par la pandémie. On n’est cependant pas une jeune start-up mais une société pérenne avec une base de clients fidèle. Par ailleurs, les raisons qui ont amené les crises sociales et environnementales ont créé une prise de conscience. Ce qui fait que l’on a une grande confiance en l’avenir. On fait partie depuis longtemps du monde d’après, on est des acteurs du changement de comportement. On sait que l’autopartage sera une solution qui sera demain massivement adoptée par les citoyens.