Le 15 novembre, Carole Delga a donné le coup d’envoi de la concertation régionale sur l’eau. Elle débouchera l’an prochain sur l’adoption d’une feuille de route régionale pour la gestion durable de l’eau dans la région.
Carole Delga, en matière d’eau, l’Occitanie a plus de besoins que de ressources. Des tensions entre usagers de l’eau potable, agriculteurs et industriels sont-elles à craindre ? J’ai dirigé dans ma carrière professionnelle un syndicat d’eau et d’assainissement entre Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées. Je connais donc depuis longtemps les enjeux qui entourent la gestion de cette ressource et de ses usages. À l’échelle de la planète, en un siècle à peine, les prélèvements en eau ont été multipliés par sept. Les besoins, notamment en Occitanie, n’ont jamais été aussi grands pour les populations, l’agriculture, l’industrie, la transition écologique… Il faut donc se préparer dans un avenir proche, à voir l’eau devenir une source forte de tension en France comme en Europe, comme elle l’est déjà dans certaines régions du monde. Face à ce constat, il est nécessaire d’opérer une révolution des pratiques chez les citoyens, les entreprises, les élus. Comme il y a une empreinte carbone que chacun a admise, il y a une empreinte eau : nos comportements quotidiens, notre consommation, notre gestion de la ressource à moyen et long terme, ont des impacts directs sur la situation que nous connaissons, et que nous connaîtrons bientôt.
Pourquoi une grande concertation sur l’eau ? Cela fait des années que l’Occitanie se bat, dans une démarche globale d’atténuation et d’adaptation aux effets du changement climatique en renforçant notre action pour une meilleure gestion de l’eau, notamment agricole, et la sécurisation de son approvisionnement. Cette concertation que nous venons de lancer associera jusqu’au printemps prochain professionnels, citoyens et acteurs de l’eau, pour parvenir à une feuille de route de l’action régionale sur l’eau, concertée et concrète pour nos habitants. Je suis convaincue que les solutions se construisent au plus près de la réalité, en concertation avec les citoyens. C’est vrai pour les mobilités, la transition écologique, l’économie, l’emploi… Et également, sur l’eau. Preuve en est ce que la Région Occitanie mène depuis des années à la tête de BRL, fleuron de la gestion durable de la ressource en eau, avec l’aménagement et l’acheminement de l’eau du Rhône sur les territoires languedociens, ou sur la partie ouest avec le travail de la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne…
Le projet Aqua-domitia sécurise l’approvisionnement en eau dans l’Aude et l’Hérault. D’autres ouvrages de ce type sont-ils envisageables ? Après 10 ans de travaux, ce projet emblématique que nous venons d’inaugurer aux côtés d’Erik Orsenna, est un exemple parfait de solution concrète que nous pouvons mettre en place en région, avec dès aujourd’hui plus d’un million et demi de personnes alimentées en eau potable sans accentuer la pression sur les fleuves, rivières et nappes les plus fragiles. La feuille de route que nous élaborerons à l’issue de la concertation en cours permettra d’étudier toutes les possibilités, y compris les plus innovantes. Car sur ce sujet, je prône le recours à un mix de solutions, que ce soit à travers l’hydraulique, l’optimisation des ouvrages existants, la réutilisation des eaux usées traitées, la restauration des zones humides ou la création de nouvelles retenues. L’eau est aussi un formidable vecteur de production énergétique décarbonée. Nous devons donc nous interroger sur ce potentiel.