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Sébastien Vaissière

La vraie cible – André Viard

Dernière mise à jour : 21 mai

Ancien torero devenu journaliste, le Gersois André Viard s’emploie depuis 15 ans à défendre les cultures taurines. Un presque sacerdoce qui l’a conduit à une analyse globale des mouvements animalistes, et à la certitude que la lutte contre la corrida est un préalable à l’interdiction de toute utilisation des animaux.


Êtes-vous surpris que le RIP* ne s’attaque pas à la corrida ? Pas du tout. Sans doute craignent-ils d’être retoqués par le Conseil Constitutionnel. Les lignes de défense juridiques de la corrida sont très solides. C’est une culture, et en tant que telle, elle est protégée par les traités fondateurs de l’Europe. La corrida n’est d’ailleurs pas la vraie cible. 600 taureaux sont combattus chaque année en France. Ce qui n’est rien comparé aux millions d’animaux abattus pour la consommation. C’est pourquoi depuis les années 1960, la lutte anti-corrida est la porte d’entrée de ceux qui veulent attaquer l’utilisation du monde animal.


Quelle est la cible alors ? D’abord l’élevage intensif. C’est celui qui révulse parce qu’on laisse penser qu’il est partout comme dans les vidéos de L214. Et derrière, il y a les chasses traditionnelles parce qu’elles sont peu protégées.


Le taureau de combat est-il pour autant exclu du débat sur le bien-être animal ? Le taureau n’est pas une victime dès lors qu’on respecte les règles de la corrida. Dans le règne animal actuel il est l’espèce la plus favorisée et la plus privilégiée. Il est élevé toute sa vie conformément aux nécessités de son espèce. C’est un animal sauvage, agressif, élevé de manière extensive, c’est-à-dire qu’on lui fiche une paix royale pendant quatre ou cinq ans. Et quand il meurt, parce qu’il faut bien mourir un jour, il meurt en combattant qu’il est.


Si vous êtes sensible à l’élevage extensif du taureau de combat, que vous inspire l’élevage intensif des bovins ? Je ne suis pas éleveur, je ne suis pas chasseur non plus. Je ne suis donc pas capable d’en débattre. J’entends tout à fait le débat sur le bien-être animal, et j’y souscris. La question est de savoir dans quelles conditions on permet à un animal de vivre et de mourir. Pour les animaux chassés, il faut souhaiter qu’ils aient une fin inhérente à leur nature sauvage, avec le moins de souffrance possible. Pour les animaux d’élevage il faut espérer qu’ils vivent leur courte existence dans de bonnes conditions. Mais peu importe ces conditions pour les animalistes. Ils veulent détruire les cultures de nos territoires.


Vous craignez donc le RIP ? Ce RIP n’est qu’un début. C’est le cheval de Troie de l’antispécisme radical et de la malbouffe californienne. Et ce que veut cet antispécisme à terme, c’est détruire toutes les filières et les remplacer par de la nourriture industrielle. Le business plan est à 20 ans. Les milliardaires de la Silicon Valley sont dedans, tout comme les initiateurs du RIP.

Est-ce l’antispécisme qui progresse ou la société qui change ? Il y a des groupuscules organisés. Il leur suffit de créer un trouble à l’ordre public ou une émotion avec des vidéos pour que les médias tendent un micro à leur propagande. Et profitant de l’attention disproportionnée qu’on leur accorde, ils revendiquent que 80% de Français sont d’accord avec eux. C’est bidon. Si c’était le cas, 80% des français signeraient le RIP. Et vous verrez, ça n’arrivera pas. Mais il faut être attentif. Hernán Cortés n’a eu besoin que de 250 hommes pour mettre fin à la civilisation aztèque, parce que les autres en face étaient pacifiques et qu’ils n’ont pas vu venir le coup.


Les parlementaires, pourtant, semblent convaincus. À l’heure où l’on se parle, ils sont 142 à avoir signé le RIP. La grande erreur de ces dernières années a été d’imposer le non-cumul des mandats. Ce faisant, on a empêché un maire d’être sénateur ou député, et inversement. C’est-à-dire qu’on a supprimé des figures locales qui incarnaient leur terroir, leur département, et qui portaient la voix de leur territoire à Paris. À la place, on a des élus hors-sol au niveau national. Des pions manipulés par les appareils politiques parisiens. Cette réforme a bâillonné les territoires, et leurs particularisme.

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