Son fruit préféré, c’est la fraise. Parce que c’est le premier fruit de l’année, qu’elle est aussi bonne cru que cuite et qu’elle s’accorde aussi bien avec le sel que le sucre. En somme, un fruit simple et efficace qui donne de l’éclat dans une composition à l’image d’Éric Fabre, meilleur Ouvrier de France Primeur en 2017, installé au Marché d’intérêt national de Toulouse.
Fils et petit-fils de primeurs, Éric Fabre a poussé dans le magasin de fruits et légumes de ses parents. « Je suis né dans un chou. On avait l’appartement juste au-dessus du magasin ». Après des études de comptabilité, celui qui s’était promis de ne jamais travailler dans les fruits et légumes, change d’avis au décès de son père. À 20 ans, il rejoint la Maison Fabre, institution murétaine depuis les années 1930, pour travailler avec sa mère. Au départ, il se charge uniquement de la comptabilité, mais l’envie de contact avec la clientèle se fait rapidement sentir. « J’aime les gens. Je trouvais intéressant de leur raconter les histoires des fruits et légumes. » L’un de ces moments préférés, c’est la mise en place théâtralisée des rayons. Cette appétence pour la créativité et la composition lui vient des fleurs : « Maman avait une très bonne amie fleuriste à Muret. Je passais mes vacances à l’aider. Là-bas, j’ai appris la technique du volume, l’association des couleurs, la forme, l’art… »
Des bouquets de fleurs, Éric passe aux bouquets de fruits en créant les « corbeilles de fruits », un concept qui venait d’arriver en France. Il ouvre en 2007 le fruitier du Barry à Muret, un petit écrin à son image. Dans sa boutique, les fruits et légumes font le show et la mise en scène est signée. En 2016, il se lance dans la préparation du concours de Meilleur Ouvrier de France. Un an après, la finale se tient à domicile au MIN : « J’étais le seul d’Occitanie, je ne pouvais pas me louper ». Pour répondre au sujet imposé (Donner aux enfants l’envie de manger des fruits et légumes frais), ce père de deux enfants reconstitue l’ambiance des anniversaires avec des petites brochettes, des corbeilles gourmandes et des ballons de baudruche. Le plus « rococo » des candidats devient alors Meilleur Ouvrier de France Primeur. L’émotion est toujours là, notamment quand il repense à la réaction sans retenue de sa mère.
Il y a un avant et un après MOF : « Être MOF c’est du savoir-faire et un savoir-être. C’est important pour moi. J’ai un devoir de transmission auprès de mes confrères et consœurs, et auprès des jeunes qui voudraient faire ce métier. » Un métier qui a, d’après lui, trop longtemps manqué de qualification professionnelle. Pour y remédier, il a créé en 2009 le CAP primeur dont il a ouvert la première classe au CFA de Blagnac. « Ce métier a du sens. On travaille avec la saisonnalité. C’est aussi un métier essentiel, on s’en est rendu compte pendant le Covid. » Aujourd’hui Éric Fabre, président de l’interprofession Saveurs commerce entreprise, a vendu sa boutique pour s’installer au MIN, dont il est l’ambassadeur fruits et légumes. Il se consacre désormais au consulting et au dînatoire, une activité qu’il exerce avec son fils.