Petit village au cœur de Toulouse, les Chalets gardent un air d’autrefois. Ici, on peut rire au théâtre, boire un café à la terrasse d’un des plus vieux bistrots de Toulouse, lire de la poésie au bord de la fontaine Clémence Isaure, trouver la tenue parfaite, s’équiper d’un appareil argentique ou du dernier numérique, remplir sa trousse pour la rentrée, croiser Dupont, et même coiffer son chien !
C’est où ?
Entre boulevard d’Arcole au sud, canal du Midi au nord, avenue Honoré-Serres à l’ouest et la rue Matabiau à l’est. Le quartier s’est développé fin XIXe, après l’ouverture de la gare Matabiau.
Chouchoute
Pendant 15 ans, Véronique Garofalo a travaillé dans le milieu médical, notamment pour accompagner des personnes en obésité morbide. Cette expérience l’a menée à constater la complexité du parcours des femmes touchées par le cancer, au-delà des soins médicaux. Admirative de leur force, elle a voulu créer dans une ville où il y a de « grands établissements hospitaliers comme l’Oncopole », un lieu différent : « Je trouvais qu’il n’y avait pas une réponse pour ces femmes à la hauteur de ce qu’elles méritent. Ce n’est pas facile d’être toujours dans des établissements hospitaliers, des pharmacies, chez des orthopédistes, des perruquiers... J’ai voulu proposer un accompagnement à des besoins spécifiques, dans un lieu qui ne l’est pas. » Dans sa jolie boutique, Véronique propose des accessoires tels que des bonnets, des bandeaux, des foulards, des perruques, des prothèses mammaires externes avec de la lingerie adaptée, des vêtements tout coton pour les malades traités par radiothérapie, des cosmétiques, et tout un tas d’accessoires pour se faire plaisir.
Mon vieux
Ouvert au milieu du XIXe siècle le café Concorde est l’un des plus anciens de Toulouse. Ici, tout le monde se mélange, les jeunes, les vieux, les habitués et les visiteurs de passage charmés par la devanture et l’esprit rétro de ce vrai bistrot de quartier.
La Librairie.
Spatules et rouleaux en main, Amélie, ancienne directrice opérationnelle dans l’édition, et Lysiane, ostéopathe, s’activent pour préparer l’ouverture de leur librairie prévue le 5 novembre. « Le livre a toujours fait partie de notre vie. Nous voulions créer un lieu où les gens auraient envie de se rendre pas uniquement pour consommer, mais aussi pour se retrouver, un lieu chaleureux, d’échange, de partage, de liens, un lieu trans-générationnel et populaire » explique Lysiane dont le cabinet sera installé au dernier étage de la librairie. Celle-ci proposera des livres, des jeux, des jouets, de la carterie, un coin café et accueillera des événements sur des thèmes qui leur tiennent à coeur, tels que la parentalité, la santé physique et mentale, et l’enfance. « Nous avons choisi de l’appeler La Librairie., un peu comme on dirait qu’on va à La maison, un endroit où l’on se sent bien ! » ajoute Amélie.
L’autre Claude
Sa papeterie familiale va fêter ses 100 ans l’année prochaine. Claude, lui, a 65 ans. « À l’époque, il y avait de vielles dames qui se baladaient avec leurs manteaux en astrakan et leur coiffe. » Celui qui a créé l’ACAC, l’Association des Commerçants et Artisans de la Concorde, se souvient d’un temps où il allait jouer au flipper au café Concorde : « Il y avait Vivianne, la serveuse, et Madame Pontonnier, la patronne. Le flipper était débranché, personne ne pouvait y jouer, mais quand j’arrivais, je le branchais. Et quand je le secouais trop, elles me disaient “ Claude arrête ! Tu vas faire tilt”. Le billard, je n’ai eu le droit d’y jouer qu’à partir de 14 ans, parce qu’ils craignaient qu’on troue le tapis avec les cannes. Vivianne ouvrait à 6h30 le matin, elle avait son noyau d’habitués qui se disputaient la Dépêche pour ne pas l’acheter. » Une époque qui s’efface peu à peu. « Avant, c’était un quartier populaire. Après l’école, on jouait dans la rue, on s’amusait avec l’eau des rigoles, on piquait les autocollants sur les voitures. Le loyer n’était pas cher, donc il y avait un bon mélange social et culturel. Maintenant, il faut avoir les moyens d’habiter dans le quartier. On a par exemple les deux rappeurs là, Bien flo c’est ça ? Antoine Dupont, Mader, les Chevaliers du fiel. Même si la seule vraie star là-dedans, c’est Antoine Dupont ». Il décrit le quartier comme un petit village où il fait bon vivre et où tout le monde se connait : « C’est à double tranchant. Ici les histoires circulent… et sont amplifiées, déformées ! Une information donnée devant Decathlon, arrivée au fond de la rue, elle est d’une autre couleur ! C’est l’homme, qui a vu l’homme, qui a vu l’homme qui a vu l’ours… ».
Labo du rire
En 2010, Éric Carrière et Francis Ginibre, alias les Chevaliers du Fiel, ont ouvert la Comédie de Toulouse au 16 rue Saint-Germier, avec le souhait de faire vivre le centre-ville. « Quand on est comédien et auteur, avoir un théâtre, c’est la dernière chose qui manque. On peut y créer et jouer nos propres spectacles, et en ce qui nous concerne, on avait besoin d’un lieu pour roder nos nouvelles créations » confie Éric Carrière. Ce petit théâtre de quartier, convivial et intime, est devenu un laboratoire de création. Parmi les nouveautés à ne pas manquer, le dernier spectacle fait maison, Very Very Speed Dating, un one woman show d’Angélique Panchéri, qui tente de trouver l’homme de sa vie dans le public...
Péloche !
Numériphot, c’est le repaire des photographes toulousains. Créée dans les années 1990, la boutique est spécialisée dans la vente et la location de matériel photo et vidéo pro. Elle dispose également d’un studio photo de 80m² et d’un espace dédié aux expositions mensuelles. « À l’époque, on avait 12 frigos remplis de films. Puis au début des années 2000, avec l’arrivée du numérique tout s’est arrêté du jour au lendemain » se souvient Georges, le gérant arrivé dans la boutique il y a 20 ans. Aujourd’hui, un seul frigo reste pour la pellicule, qui a fait un retour en force. « Le problème, c’est que les prix sont devenus complètement élitistes », regrette-t-il.
La patronne
Depuis 1913, elle est postée place de la Concorde et veille sur le quartier du haut de sa colonne. La fontaine Clémence Isaure ou La Poésie romane est une fontaine en bronze Art nouveau, du sculpteur Léo Laporte-Blairsy. Elle surprend les Toulousains qui peinent à reconnaître Clémence Isaure, figure à qui l’on attribue la fondation ou la restauration des Jeux floraux de Toulouse au début du XVe siècle.
7_questions
Clément Riquet, maire des quartiers Chalets, Bayard, Belfort, Saint-Aubin, Dupuy
L’esprit du quartier ?
Plutôt résidentiel avec une ambiance de village où les gens se connaissent. Ils agissent ensemble, à l’image des associations du quartier.
Ses points forts ?
Sa situation géographique, entre le canal du Midi, l’hypercentre et la rue de la Concorde, qui en plus d’être l’une des plus belles de Toulouse est l’artère commerçante du quartier.
Un petit plaisir ?
Chaque année se tient le repas de quartier. Un moment de convivialité immanquable que les habitants apprécient beaucoup.
Un moment pour goûter au mieux l’ambiance du quartier ?
En fin de journée, quand les habitants ont terminé leur journée de travail et que la rue de la Concorde s’anime.
Un lieu ?
Le square Roquelaine, que nous sommes en train de réaménager pour qu’il soit plus agréable et plus arboré.
Une couleur ?
Le bronze, pour la statue de Clémence Isaure qui veille sur le quartier.
Un projet d’avenir ?
La passerelle qui va être construite sur la mandature 2026-2032 au-dessus du canal du midi. Elle reliera la rue de la Concorde au quartier des Raisins.