Astrophysicien à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse (IRAP) et directeur de recherche au CNRS, Olivier Berné est, dès 2022, l’un des tous premiers scientifiques impliqués dans une mission d’observation avec le télescope James Webb. Un instrument qui l’aide à percer le secret de la formation des systèmes planétaires.

Son goût pour les étoiles
La question relève de la psychanalyse ! Dès l’enfance, j’ai été attiré par le mystère du ciel étoilé. Mes copains de lycée me surnommaient l’astrophysicien. Je ne contemplais pas les étoiles, mais je lisais beaucoup de science-fiction et des ouvrages de science. Pour moi, observer l’univers, c’est à la fois un voyage intérieur et une exploration de l’infini, liés à un profond désir de comprendre.
L’astrophysique, une science d’observation
J’utilise la physique comme un outil. L’univers, c’est un terrain de jeu pour tester des théories, partir à la recherche des lois qui régissent l’infini. Ce que j’aime par-dessus tout dans mon domaine, c’est la diversité des facettes de la physique que je peux mobiliser : de la mécanique à la physique quantique, chaque projet est une opportunité de repousser les frontières du savoir.
De Brest à Toulouse
Je suis né à Brest, j’ai grandi entre terre et mer avant de partir pour la Ville rose. Ma vie est coupée en deux, entre Bretagne et Occitanie. Ces espaces de liberté, qu’ils soient marins ou montagnards, m’ont toujours attiré. Après un bac scientifique et une classe préparatoire, j’ai intégré une école d’ingénieur avant de me spécialiser en astrophysique. Aujourd’hui, je mène mes recherches à Toulouse où j’explore la manière dont se forment les systèmes planétaires. J’y ai eu accès grâce au télescope James Webb, en observant la nébuleuse Orion, une pouponnière d’étoiles et de planètes, à 1400 années-lumière de nous. Ce sont nos origines que l’on interroge ainsi.
L’éthique scientifique
La science n’est pas qu’une recherche de vérité. Elle s’inscrit dans un système de valeurs qui implique notamment le respect de la nature, des hommes, et constituent l’éthique scientifique. Je regrette que ces dimensions soient parfois écartées au profit d’objectifs bureaucratiques ou commerciaux. Pour moi, les travaux fondamentaux, dénués d’intérêts économiques immédiats, ont une valeur inestimable.
Un regard politique sur les étoiles
Mes recherches sur les systèmes planétaires et les origines de la vie répondent à des questions profondément humaines : d’où venons-nous et où allons-nous ? Trouver de la vie ailleurs ne nous aidera pas seulement à comprendre l’univers, mais aussi à réfléchir à notre place sur Terre. Politiser les questions scientifiques me semble essentiel. Nos recherches ne sont pas déconnectées. Elles nourrissent une réflexion sur les enjeux éthiques et environnementaux, indispensables pour construire un avenir durable.