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BOUDU

Pauline Salingue : Profession agitateuse

« On n’est pas là pour témoigner. » La jeune femme n’est pas du genre à minauder. Il faut dire que ce n’est pas vraiment le genre des Breton(es) de minauder. Née à Rennes d’un père inspecteur du travail et d’une mère médecin, tous les deux encartés à la LCR d’Alain Krivine, Pauline Salingue grandit dans un environnement hyper militant. Rien d’étonnant, dès lors, de la voir rejoindre les rangs des JCR (jeunesse communiste révolutionnaire) en 2001, alors qu’elle est en 3e, pour militer « sur les questions de discriminations LGBT ». La période étant propice à l’engagement avec la présence du Front national au second tour de l’élection présidentielle en 2002 et la réforme des retraites en 2003, son militantisme ne va cesser de croitre. Jusqu’à découvrir, au moment de la loi Fillon, alors ministre de l’éducation, les joies de la garde à vue, pendant 72 heures, à Paris pour avoir illégalement occupé une annexe du ministère de l’éducation nationale. « À cet âge-là, ça fait forcément un peu peur de se retrouver mis en examen. C’était très violent. Au fond, c’était les prémices de ce qui se passe aujourd’hui. » Après avoir entamé des études en socio à Saint-Denis tout en luttant contre le CPE, elle part trois mois en Palestine, avant de décider, en 2008, de quitter Paris pour s’installer à Toulouse, où « elle connait déjà pas mal de monde par le biais du militantisme ». A son arrivée sur les bords de la Garonne, elle se tourne vers des études d’éducatrice spécialisée. Le diplôme en poche, elle remonte à Paris pour suivre son compagnon, avant de redescendre pour de bon à Toulouse fin novembre 2014, trop tard pour figurer sur la liste NPA conduite par Ahmed Chouki aux municipales. Quelques mois après, elle intègre le service de pédopsychiatrie au CHU de Toulouse avant de devenir, un an plus tard, secrétaire CHSCT. Un poste d’observation « idéal » pour assister à la dégradation des conditions de travail à l’hôpital. Aussi lorsque la question de présenter une liste dans la course au Capitole se pose, la jeune femme, tout comme son mouvement, n’hésite pas longtemps. Notamment parce que pour Pauline Salingue, « les élections municipales ne sont pas déconnectées de ce qui se passe au niveau national. Car Moudenc c’est le Macron de Toulouse. Au NPA, on pense qu’il est important d’être le porte-parole des luttes, quelles qu’elles soient : mobilisation contre les retraites, les gilets jaunes… C’est l’occasion de montrer qu’il n’y a pas une séparation entre ceux qui font de la politique et ceux qui se mobilisent ». Convaincue de la nécessité de « ramener la voix de ceux qui luttent vers les élections », elle caresse l’espoir que Toulouse redevienne une ville de résistance. Et pour y parvenir, elle en est persuadée, c’est d’un programme de rupture dont la ville a besoin. Ce qu’elle dit n’avoir (hélas) pas trouvé dans les autres listes de gauche. « On a discuté avec Archipel mais ça n’a pas collé car ils étaient d’abord sur l’ordonnancement de la liste plutôt que sur le fond. La suite nous a donné raison quand on voit qu’ils ont choisi Antoine Maurice. Quant à leur programme, il est très largement insuffisant en matière de rupture. » Gratuité totale dans les transports et la cantine scolaire, retour à la gestion publique de l’eau, réquisition des logements vides, les propositions du NPA sont en effet radicales. « Il faut assumer des mesures de rupture réelles. On n’est pas là pour témoigner mais pour faire campagne. » Choisie tête de liste pour mener le combat, elle n’en tire d’ailleurs aucune gloire : « Au NPA, on ne se bouscule pas au portillon pour ces postes. Mais vu que je suis une femme, que je bosse à l’hôpital et que je suis syndicaliste, j’avais un bon profil ».

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