Le quartier Saint-Michel vient tout juste d’entamer sa mue. En 2025 sa Grande Rue sera plus verte et sa voirie rétrécie pour faire de la place aux vélos et aux piétons. Ses habitants, eux, restent les mêmes : des Toulousains attachés à leur quartier, qui n’aiment pas que les choses se décident sans eux.
C’est où ?
À la fois près du centre et de la nature des bords de Garonne. Le quartier s’articule autour de la Grande Rue Saint-Michel, s’arrête à la Garonne et s’étend jusqu’au boulevard des Récollets et rue des Trente-Six ponts.
Des p’tits trous
Le Cratère est un cinéma « ASSOCIATIF ». Pierre-Alexandre Nicaise, le délégué général de cinéfol31 en charge du Cratère y tient, « Ça nous démarque des autres. On est un peu le service public du cinéma ». En 2018, dans le numéro 29 de Boudu, le peintre Michel Battle racontait : « C’était le premier lieu alternatif de la ville. Je l’ai créé en 64 avec le comédien Alain Rivière. C’était à la fois mon atelier, un point de convergence pour les arts expérimentaux, et un lieu de spectacles pour la poésie et la musique contemporaine. J’y hébergeais Raymond, un clochard, qui dormait sur place. En face il y avait la soupe populaire, à côté les douches publiques et au-dessus une crèche avec des mômes. On essayait de ne pas faire de bruit à l’heure de la sieste. Par contre, le soir, on s’en donnait à cœur joie. Les parents ne pouvaient plus tenir à la niche les jeunes chiens que nous étions. » C’est en 1975, à l’initiative de Michel Dédébat, qui dirigeait le service audiovisuel de la Ligue de l’enseignement de la Haute-Garonne, que le Cratère devient ciné-club. En 1994, il rejoint la liste des salles toulousaines avec le label Art et Essai. Cette année, le petit cinéma de quartier accueillera plusieurs festivals dès le mois d’octobre avec Gange sur Garonne (films indiens), des projections pour Ciné latino, ou encore À propos d’Elle(s); qui met en avant les réalisatrices depuis 1996.
Increvable
Henrique (alias Rico), spécialiste de la carrosserie, est garagiste dans le quartier depuis plus de 40 ans. D’abord au garage des Platanes, il a repris il y a 11 ans avec son acolyte Tony, le garage des Saules. « Tous les petits commerces de quartier ferment, on essaie de tenir ! » A ses côtés à la caisse, son petit-fils, qu’il forme pour l’aider à réparer les milliers de véhicules qui passent ici chaque année.
Résiste
Dans le métro avant que les portes ne s’ouvrent, la voix rappelle : « Saint-Michel, Marcel Langer. San Miquel, Marcel Langer. » Marcel Langer, immigré polonais, militant communiste et résistant est arrêté en février 1943 en gare de Saint-Agne avec une valise pleine d’explosifs. « Vive la France ! À bas les Boches ! Vive le Parti communiste ! », hurlera-t-il cinq mois plus tard avant d’être guillotiné à la prison Saint-Michel. Construite sous Napoléon III, la prison ne reçoit ses premiers détenus qu’en 1875. Pendant la Seconde Guerre mondiale, comme Marcel Langer, de nombreux résistants y seront incarcérés et exécutés. Le 19 août 1944, les femmes des détenus forcent les portes de la prison pour les libérer. Un événement marquant dans la libération de la ville.
Pour en savoir plus : La Prison Saint-Michel à Toulouse – En images, des origines à nos jours. Un livre édité par le comité de quartier de Saint-Michel.
Faire une jam’
Le quartier a son lot de bars sympas, à commencer par le Obohêm dans la Grande Rue, avec sa programmation culturelle et ses populaires jams groovy du mercredi soir. Les musiciens adoreront la petite scène. Toujours dans l’artère principale, L’Évasion, une institution qui a rouvert en juillet grâce à un groupe de huit copains du quartier dont c’était le QG dans leurs jeunes années, et qui viennent de le racheter.
Gastronomie kebabienne
La Grande Rue, c’est LE spot à kebabs. Foodstar, au numéro 165, avec une note de 4,8 sur Google, est le kebab le mieux noté de la ville. Un des derniers avis postés sur Google évoque même un statut de « gastronomie kebabienne ». C’est dire !
Plus belle la vue
Pour profiter d’une des plus belles vues panoramiques de Toulouse, rendez-vous à La table du Belvédère. Niché au sommet de ce remarquable immeuble brutaliste sorti de terre en 1970, le restaurant gastronomique serait le plus haut perché de la Ville rose. Un conseil : réserver un soir de match pour profiter du bouillonnement des supporters autour du Stadium.
Le gardien
Guillaume Drijard, est arrivé dans le quartier en 2001. « J’ai adoré l’ambiance, sa proximité du centre-ville et de la Garonne. » Pour s’opposer à la démolition d’une crèche, il rejoint le comité de quartier puis en devient le président en 2008. Très investi, il s’intéresse particulièrement à la prison sujette, au grès des municipalités, à des projets de reconversion, et même en 2010 de destruction : « À l’époque, nous avions réuni 17 000 signataires pour protéger la prison. » Une victoire qui ne signe pourtant pas la fin du combat puisqu’aujourd’hui, le comité de quartier réclame plus d’informations et d’échanges sur les projets en cours d’études : « On va batailler pour que le projet se fasse en concertation avec les associations du quartier. »
Un air de campagne
Quelques pas, quelques minutes, suffisent aux habitants du quartier Saint-Michel pour se retrouver en pleine nature sur les berges de la Garonne hérissées de machines de muscu, et bientôt de tables de pique-nique. Autre point de verdure, le parc François Longuaud derrière le Conseil régional d’Occitanie, où aiment se retrouver les familles après l’école.
Confluence
L’immanquable fontaine La Garonne et l’Ariège a été sculptée en 1896 par l’artiste toulousain Alexandre Gabriel Laporte. Commandée pour le jardin des Plantes, elle sera restaurée et transférée sur place Lafourcade. Le sculpteur est aussi l’auteur de Toulouse dans sa gloire, salle des illustres, de La Peinture sur la façade des beaux-arts, et des statues La Guerre et L’Industrie sur la façade côté jardin du Capitole.