Sans doute parce qu’il est lui-même lumineux, Bernardo Sandoval ne craint l’ombre de personne. Cela fait de lui un musicien de duo idéal, généreux, ouvert et sans calcul, qui ne se laisse aller ni à la compète ni à la démonstration. Sa vie d’artiste n’est d’ailleurs qu’une succession de duos et de paires. Paire avec le réalisateur Manuel Poirier (Western, Chemins de traverse, Le café du Pont) dont il compose presque toutes le bandes originales. Paire avec son frère Gabriel qui écrit la plupart de ses textes, paire avec sa femme Zouïe qui le coache et l’éclaire au propre et au figuré, paire avec la chanteuse zapotèque Lorena Vera pour qui il composa un inoubliable requiem aux indiens au début des années 2000, paire gémellaire avec le grand Serge Lopez pour un album en 2015 et une tournée dans la foulée, paire avec chacun des membres de son public (quiconque a assisté à un de ses concerts a éprouvé l’étrange sensation qu’il ne joue que pour soi), paire enfin cette année avec le grand guitariste sénégalais Pape Amath N’diaye di Paamath, pour un album, Sangre animal attendu mi-avril, qui sonne comme une sauvage promesse de déconfinement. Enregistré par Jean Rigaud au studio de la Manne à Balma, il consiste en une successions d’interprétations douces et nuancées de titres phares des deux musiciens, à commencer par un Negriluz d’une extrême délicatesse, honorant mieux que jamais les racines africaines de l’humanité. Le meilleur remède à ce triste printemps avorté, en attendant le concert du duo promis pour le 26 juin au musée Labit, dans le cadre du Jardin Musical de Toulouse.
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