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Angelina FOURCAULT

Signé-club – Pierre-Louis Levacher

Dernière mise à jour : 19 janv.

Auteur de nombreux docs sur les sourds dont La ville murmure diffusé sur France TV et consacré à la culture sourde à Toulouse, le documentariste et interprète Pierre-Louis Levacher est un entendant plus à l’aise dans la langue des signes qu’à l’oral. Une particularité qui fait de lui l’interlocuteur idéal pour prendre le pouls de la communauté sourde.



Pierre-Louis Levacher, pourquoi cet intérêt pour la communauté sourde ? Je suis interprète en langue des signes depuis 29 ans. Je suis fasciné par cette langue. À commencer par son expression corporelle qui autorise tout ce qu’on interdit aux entendants : montrer du doigt, par exemple, devient une nécessité dans cette langue. C’est aussi une langue très proche du langage et de la syntaxe cinématographique et donc idéale pour le documentaire. J’aime signer. Je me suis même rendu compte que je suis moins timide qu’à l’oral !


« La surdité est un handicap invisible. De ce fait on l’oublie souvent »

Pourquoi ce documentaire sur Toulouse ? C’est l’Eldorado des sourds, leur capitale. Beaucoup de choses leur sont accessibles qui ne le sont pas ailleurs. Dans le documentaire, j’ai choisi l’École de Théâtre Universelle comme fil rouge. Je connais très bien Martin Cros (co-directeur et fondateur de cette école) et son combat pour les futurs comédiens sourds m’a beaucoup touché.


Comment jugez-vous le regard que la société porte sur les sourds ? La surdité est un handicap invisible. De ce fait on l’oublie souvent. Peu de moyens sont mis en place pour faciliter l’accès à la culture ou au sport. Cependant, nous considérons davantage les sourds aujourd’hui que par le passé. Des progrès ont été faits mais les entendants ont souvent peur de communiquer avec les sourds. Il se demandent s’il faut les aider ou les laisser faire. Ils sont soit mal à l’aise, soit maladroits.


Comment les sourds se considèrent-ils ? Ils ne se considèrent pas comme des handicapés. Ils sont un monde dans notre monde. Ils ont leur histoire, leur culture, leur langue, leurs accents. Un sourd toulousain ne signe pas de la même manière qu’un sourd parisien, mais ils trouvent vite un moyen de se comprendre. Je suis interprète au Centre Relais Téléphonique. Il m’arrive de voir des signes que je ne connais pas. Mais c’est une langue visuelle, et on finit toujours par décoder.


La communauté sourde est-elle homogène ? Il y a des divergences entre les sourds oralistes et les sourds signants. Les premiers savent lire sur les lèvres, peuvent se comprendre, articuler et parler, quand les seconds n’utilisent que le langage corporel. Il y a donc des querelles entre eux, mais elles ne les empêchent pas de se retrouver.


Qu’attendent les sourds de la société ? Qu’on les considère comme des gens ordinaires et qu’on aille vers eux. Dans le monde du travail, par exemple, ce sont toujours les sourds qui fournissent les efforts pour comprendre ce qui se passe autour d’eux. Pourtant, des outils existent aujourd’hui comme RogerVoice, Tadéo, qui donnent la possibilité de communiquer avec les collègues. Encore faut-il que les chefs d’entreprise intègrent ce logiciel à leur fonctionnement.

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