Depuis 2014, les aventures de la petite souris toulousaine Violette Mirgue captivent les lecteurs de 3 à 6 ans. Un succès que les éditions Privat doivent à Marie-Constance Mallard, une ancienne ingénieure devenue illustratrice après un burn-out et un accident de voiture.
Comment passe-t-on de l’aéronautique à l’illustration ? Je suis ingénieure en système d’information. Je travaillais pour un sous-traitant d’Airbus. Pendant 9 ans, tout s’est bien passé, et la dixième année, en rentrant de mon congé maternité, je suis tombée sur un management un peu difficile. Comme beaucoup de jeunes femmes dans ces milieux-là, j’ai fait un burn-out. C’était vraiment dur. Puis j’ai eu un accident de voiture. Je suis restée en arrêt assez longtemps. C’est à ce moment-là qu’une amie illustratrice est venue me rendre visite et m’a dit : « Dessine ! » Alors, je me suis mise à dessiner. C’était ma bouée de sauvetage.
Vous saviez déjà dessiner ? Je dessinais quand j’étais petite, puis en grandissant j’ai abandonné. Je pense que le dessin se construit davantage dans le regard que dans les doigts. J’ai toujours été en retrait, un rat de bibliothèque qui observait plutôt que de se mêler aux autres. Ce regard-là, je l’ai toujours eu et je m’en sers pour dessiner.
Comment Violette Mirgue est-elle née ? J’ai commencé par crayonner le Capitole, Saint-Sernin puis les traits d’une petite souris toulousaine. Elle est sortie directement comme ça, avec son imperméable et son parapluie, il n’y a pas vraiment eu de construction. Le 23 juillet 2014, juste avant de partir en vacances, j’ai téléphoné chez Privat. Je tombe sur un monsieur qui me dit : « On ne fait pas de livre jeunesse ». J’insiste un peu. Au bout du fil, c’était Philippe Terrancle le directeur : « Je n’ai pas l’habitude qu’on me parle sur ce ton-là, mais vous piquez ma curiosité. Venez me voir à 15h ! ».
Comment s’est passée cette rencontre ? Il a flashé sur le nom de la souris plus que sur mes dessins qui étaient un peu balbutiants. Trois jours plus tard, il m’a rappelé pour me dire que tout le monde adorait et qu’il voulait le premier tome pour les fêtes en décembre.
Pourquoi ce nom : Violette Mirgue ? Au début, elle s’appelait Violette. C’est ma mère qui m’a encouragé à lui trouver un nom de famille. Elle ne comprenait pas comment une petite souris aussi chic pouvait ne pas avoir de nom. L’Occitan s’est imposé : mirgue signifie souris.
Violette Mirgue dans les Pyrénées, sur le canal du Midi, en Bretagne, à Paris et maintenant dans l’espace… Je n’y avais pas du tout pensé… Dans ses dernières aventures, Violette Mirgue est allée à l’Hôpital des enfants, alors je les ai rencontrés et ils m’ont proposé des idées de destinations pour Violette. L’espace est revenu plusieurs fois. Ils avaient un besoin d’évasion encore plus que d’autres enfants.
Violette Mirgue est une des séries qui fonctionnent le mieux chez Privat. Quel est son secret ? L’édition jeunesse est un milieu difficile, mais je suis dans une niche, le patrimoine, dans laquelle je n’ai pas beaucoup de concurrence. Mes premiers lecteurs sont surtout les grands-parents, qui s’arrêtent sur le mot mirgue parce que c’est le surnom qu’on donnait aux enfants à leur époque. Violette Mirgue intéresse aussi les écoles. Le patrimoine est au programme et jusqu’à présent il n’y avait pas de livre sur Toulouse. Il y a même des écoles qui prennent la peluche de Violette comme mascotte. Les enfants la ramènent chez eux le weekend et lui font vivre des aventures.
Vous voilà donc illustratrice à plein temps ? Je me sens plus autrice qu’illustratrice. J’utilise surtout le dessin pour raconter l’histoire. Inconsciemment, on écrit un peu pour ses enfants, et mes enfants grandissant, j’ai eu besoin de les suivre et de grandir avec mes lecteurs. Je me suis donc diversifiée, notamment avec Pastelle et le club de la violette, un roman sans illustration pour les enfants à partir de 9 ans.