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BOUDU

« Vieillir, c’est devenir soi » – Olivier Calon

Dernière mise à jour : 20 févr.

Ancien rédacteur en chef de Notre Temps, Olivier Calon a passé vingt ans

dans la presse sénior. En 2015, il a publié Vive les vieux !, un ouvrage en

guise de remède à la guerre des générations.



Pourquoi Vive les vieux ? J’ai écrit ce livre en réaction à des déclarations, des publications, des unes de magazine qui accusaient les séniors d’être égoïstes et de profiter de la vie et de l’argent aux dépens des plus jeunes. Derrière le titre un peu provoc’, il y avait la crainte qu’à force de stigmatisation, de stéréotypes et d’idées reçues, on débouche sur une guerre des générations. Et on n’a pas besoin de ça !


Ces griefs ne reposent-ils pas sur des réalités ? Bien sûr qu’il y a un fond de vérité dans ces critiques, mais un fond seulement.


Qui sont les « vieux » ? L’âge et la vieillesse sont des notions subjectives. Chacun en a sa propre définition. La retraite, à l’inverse, est un fait incontestable. Être retraité c’est être retiré de la vie professionnelle. C’est un point de bascule de l’existence. Dire « vieux », c’est donc un moyen commode de désigner les retraités.


Quelles vertus trouvez-vous aux vieux ? J’en ai trouvé 85 dans le livre mais il y en a tant d’autres ! Que seraient sans eux le marché automobile (80 % du marché du haut-de-gamme), le marché du tourisme (3/4 des dépenses), la culture (les séniors sont les premiers cinéphiles devant les ados et les premiers à fréquenter musées, centres culturels, bibliothèques), le bénévolat (51 % de taux d’engagement associatif chez les plus de 65 ans contre 25 % chez les 25-34 ans), la vie civique (les séniors votent massivement et 60 % des maires ont plus de 60 ans !), la famille (Qui garde les petits-enfants, qui donne 15 milliard par an à ses enfants et petits-enfants ?), la défense du patrimoine, l’entretien des chemins de grande randonnée etc.

La vieillesse ne se juge-t-elle donc qu’à l’aune de son utilité sociale ? Bien sûr que non. Vieillir apporte aussi son lot de bénéfices personnels. Quand on bosse, on a un rôle social à camper, une position à tenir. Une fois retraité, on n’a plus ce genre de soucis. La retraite c’est une liberté de temps, bien sûr, mais c’est surtout une liberté d’esprit. On se moque davantage du regard des autres, et l’on devient enfin soi… pour le meilleur comme pour le pire !


Vous êtes vous-même un jeune retraité. Comment le vivez-vous ? J’ai eu quelques mois de flottement. Il est très difficile de quitter son rôle social et d’abandonner l’excitation du métier de journaliste. Honnêtement, il faut bien s’y préparer. Sans cela, c’est le grand vide.


Le regard de la société sur l’âge a-t-il évolué au cours des 20 ans que vous avez passés dans la presse sénior ? Tout a changé. Aussi bien le regard de la société que le regard des retraités sur eux-mêmes. Jusque dans les années 1980 la vieillesse était subie. À la retraite on basculait hors des clous, et on attendait la mort. Mais dans les décennies suivantes, les progrès de la médecine ont permis aux retraités de cesser de subir et de commencer à agir. C’est aussi lié à l’arrivée à l’âge de la retraite des baby-boomers, génération très critiquée aujourd’hui, mais qui est tout de même formidable : elle aura tout réinventé : aussi bien l’idée de la jeunesse que le fait même de vieillir.


Nous vivons dans un pays âgé et sur un continent vieillissant. Les inconvénients, on les connaît. Quid des avantages ? Le vieillissement de la population aura un effet très intéressant : il va ralentir cette société qui va trop vite, mettre un coup de frein à cette course folle qu’est devenue la vie. La société n’aura d’autre choix que de s’adapter, et elle y gagnera !


Olivier Calon

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