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Elliot DUBLANCHET

À toute vitesse

Dernière mise à jour : 5 janv.

Arrivées à Toulouse il y a cinq ans pour étudier à l’EIMA, Séléna Mercier et Marie Desnoyer se sont inspirées des décors et de l’histoire de la Ville rose pour écrire Réseau Alexis, leur premier manga. À 23 ans, et après un parcours fulgurant, les deux mangakas sont éditées par la maison roubaisienne Ankama.


Comment est née votre passion des mangas ?


Marie : Mon père aimait les jeux vidéos, mon grand frère dessinait des Dragon Ball Z. C’est eux qui m’ont initié.

Séléna : Personne ne dessinait chez moi, mais c’est aussi mon père et mon frère qui m’ont fait découvrir cette culture.

Pourquoi le manga et pas la bande dessinée traditionnelle ?

M : On a toutes les deux lu de la BD plus jeunes, mais c’est un format qui nous touchait moins. Les codes de découpage ne sont pas les mêmes.

S : Ce n’est pas la même philosophie. Les mangas sont plus proches des personnages, alors que les BD sont pensées pour que les lecteurs soient spectateurs de l’histoire.

Vous avez vécu l’essor du manga pendant vos études. Qu’est-ce qui a changé ces dernières années ?

S : Quand on était adolescentes, lire des mangas, c’était faire partie des parias. La tendance s’est totalement inversée. Beaucoup d’œuvres françaises trouvent aujourd’hui leur public.

M : Les éditeurs se sont aussi adaptés à cette évolution. Ils se mettent au niveau du Japon, sont plus exigeants en termes de qualité. On sort peu à peu du cliché du manga français bas de gamme.


Séléna et Marie
© Orane BENOIT

Comment résumeriez-vous Réseau Alexis ?

S : C’est l’histoire d’une jeune femme, Éliane, qui se cherche entre la Résistance et la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale à Toulouse. Naïve et en manque de reconnaissance, elle rencontre un policier résistant avec qui elle va nouer un lien fort.

Comment est née l’histoire de ce manga ?

M : Lors d’un concours en troisième année, nous devions préparer un manga court. On a souhaité parler de Toulouse puisqu’on habite la ville. Il suffisait de sortir pour s’inspirer des décors. C’est ensuite qu’est venu le déclic de la Seconde Guerre mondiale en faisant des recherches sur l’histoire de Toulouse.

S : On a vraiment dû plonger dans l’histoire de la résistance toulousaine. Avec Réseau Alexis, on tient à se placer dans des faits réels, tout en y imbriquant nos personnages fictifs.

Quand sortira Réseau Alexis ?

M : Le premier tome devrait sortir en 2025-2026. D’autres suivront (entre trois et cinq tomes) qui couvriront du début de l’occupation de Toulouse jusqu’à la Libération.

Mêler décors toulousains, histoire française et code du manga japonais, c’est possible ?

M : Notre école nous apprend les codes du manga japonais, mais c’est avant tout pour l’adapter en France. On ne peut et ne veut pas raconter une histoire japonaise aux Français. C’est important de partager notre expérience, notre culture, une partie de nous.

Travailler à deux sur une œuvre, c’est un défi ?

M : Nous sommes co-autrices, il faut être d’accord sur tout, il y a donc beaucoup de discussions. Bien qu’on soit amies, on est aussi collègues. Ce n’est pas toujours facile. Au niveau des dessins chacune a sa tâche. Je fais les décors et Séléna les personnages.

S : Être deux permet aussi de se tirer vers le haut. L’histoire que l’on a créée en quelques années, on n’y serait pas parvenu sans l’autre.

Vous avez connu le succès très tôt, ça a été difficile de gérer la pression ?

M : Signer son manga dès la sortie d’école, c’est la voie royale. Nous nous sommes vite retrouvées à devoir négocier avec des maisons d’édition. Heureusement qu’on était ensemble pour les premières interviews et les rencontres éditeurs.

S : Le fait qu’on traite un sujet qui intéresse les Français, et qu’on s’ancre dans une ville française, ça a aussi tout de suite donné beaucoup d’ampleur à notre histoire. Je dis souvent qu’elle court seule devant. Nous, on suit derrière !

M : On a même reçu une lettre du maire de Toulouse ! Il y a peu, on était de simples étudiantes, mais c’est d’autant plus motivant.

Au-delà du thème du manga, qu’est-ce que le fait d’être à Toulouse vous a apporté ?

M : On a la plus grande librairie, l’EIMA qui est la seule école qui apprend vraiment le manga dans un but d’être publié en France, le festival international du manga et d’autres conventions, de nombreuses rencontres éditeurs. Toulouse devient petit à petit LA ville française du manga.

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